La percée syrienne est significative. A quatre jours de la rencontre internationale de Vienne, l'armée est rentrée en conquérante à Alep où elle pu desserrer l'étau sur l'aéroport militaire de Kweires. Le reflux constant de l'Etat Islamique, résistant au bombardement de la coalition internationale sous la bannière américaine et précédé d'une réputation d'invincibilité, amorce un déclin et un changement de donne décisif. « L'armée arabe syrienne fait la jonction avec les forces défendant la base aérienne (à) l'aéroport de Kweires », a annoncé victorieusement la télévision publique. Le siège brisé de l'aéroport, assiégé depuis avril 2013, pourrait, selon le directeur de l'ONG (OSDH), Rami Abdel Rahmane, accroitre la puissance de feu de l'aviation russe. Le chamboulement prépare un compromis qui ouvre la voie à une solution politique. Dans la perspective de Vienne qui doit regrouper, samedi prochain, une vingtaine de pays, l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU, Samantha Power, a estimé que les discussions devaient « conduire à un cessez-le-feu et ouvrir le chemin d'une solution politique ». A son tour, à l'issue d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a appelé les grandes puissances à tirer profit de « l'élan » insufflé par les pourparlers et à mettre en place un processus politique capable de sortir le pays de la guerre. « L'élan à Vienne ne doit pas être manqué », a martelé Mistura à la sortie d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. Cette dynamique salvatrice, quantifiable sur « des objectifs réalisables », se doit d'œuvrer à la diminution de la violence et à la mise en place d'un cessez-le-feu. Mais, sur la table des négociations, l'incontournable définition du terrorisme se pose avec acuité. Si les Nations unies ont qualifié le groupe Etat islamique, le Front al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) et d'autres groupes de « terroristes », les divergences persistent sur l'identification de « l'opposition modérée » défendue par les Occidentaux et réfutée par Moscou. Trois groupes de travail ont commencé à discuter, dès hier, pour lister les différends en ce qui concerne les mouvances qualifiées de « terroristes ». Il est temps que « les pays impliqués dans le conflit trouvent des points d'entente à ce sujet », a affirmé l'émissaire onusien évoquant la perspective d'un « résultat concret » et convaincu de la nécessité d'un dialogue entre « les gros pays comme la Russie, l'Arabie saoudite et l'Iran » tenus de donner toutes ses chances au processus politique.