Plus de 4.000 journalistes ont obtenu jusqu'à présent leur carte de journaliste professionnel. C'est ce qu'a déclaré, jeudi dernier, le ministre de la Communication, Hamid Grine, au terme de sa visite à la wilaya de Tipasa. La prolongation des délais de l'opération d'octroi des cartes par la commission nationale provisoire de délivrance de la carte de journaliste professionnel est dictée, selon Hamid Grine, par le souci de répondre à la demande grandissante exprimée par la corporation. Le ministre, qui a confié que l'une de ses batailles majeures est celle de « la promotion du journaliste et de son rang », a déploré la situation qui prévaut dans certains médias nationaux où des journalistes travaillent sans contrat ni couverture sociale avec des salaires inférieurs au SNMG. « Le projet de professionnalisation de la presse ne se limite pas uniquement à la corporation journalistique. Les journaux se doivent de fonctionner aussi comme de véritables entreprises professionnelles soucieuses de leur développement et la consécration des droits de leurs employés, d'autant plus qu'il est intolérable que ces pratiques se passent en Algérie, un pays qui se particularise par un modèle social exceptionnel », estime-t-il. Aussi, il a invité les directeurs de publication, qui n'ont pas encore régularisé la situation professionnelle de leurs employés, les journalistes notamment, à le faire. Dans le même registre, le ministre a indiqué que le travail mené par les services du ministère du Travail en ce sens risque de révéler des surprises. « Nous avons convenu avec le ministre du Travail d'évaluer la situation socioprofessionnelle des journalistes dans les organes de presse, notamment privés. Les premières conclusions des inspections effectuées sont surprenantes. Dès que le rapport final nous sera remis, nous prendrons les mesures adéquates », prévoit-il. Concernant toujours le projet de professionnalisation de la presse, Grine estime que la carte de journaliste professionnel n'est pas garante du professionnalisme. « Le professionnalisme s'appuie sur trois bases essentielles, la formation, l'éthique et la modernisation des outils de travail », énumère-t-il. A propos de la formation, il a estimé que la presse publique est sur la bonne voie. « Bien que la loi oblige les entreprises de la presse à consacrer 2% de leur budget au volet formation, de nombreux éditeurs privés ne les consacrent pas. Excepté certains titres qui font appel à des organisations internationales pour prendre en charge la formation de leurs journalistes », souligne-t-il. Et d'ajouter : « Lors de la conférence qui sera organisée le 22 novembre et à laquelle participeront entre autres l'EPTV, la Radio algérienne et l'APS, nous annoncerons un programme de formation de grande envergure. » Dans le sillage de cette annonce, Hamid Grine a affirmé que les employés de la presse privée sont également conviés à bénéficier de ce programme. « Si des organes de la presse privée peuvent assurer une formation à leurs journalistes, comme le prévoit la loi, c'est tant mieux, sinon on peut les prendre en charge. Nous leur demandons seulement de régulariser la situation socioprofessionnelle de leurs employés ne jouissant pas encore de couverture sociale et de contrat de travail », propose-t-il. l'Accréditation des bureaux des chaînes de télévision privées est à l'étude En matière de traitement de l'information, l'hôte de Tipasa a réitéré son appel à l'endroit des éditeurs et des journalistes de vérifier et de recouper leurs informations avant de les publier. « Une certaine presse a été bâtie sur le socle privilégiant le principe de mauvaise nouvelle-bonne nouvelle. Elle verse carrément dans le sensationnel pour doper les ventes, sans vérifier la véracité ou le bien fondé de l'information rapportée », déplore-t-il. Toutefois, le ministre a estimé qu'à l'actif de la corporation journalistique, il y a lieu de constater que « les insultes et l'invective ont fortement diminué ces huit derniers mois ». Questionné sur l'accréditation des bureaux des chaînes de télévision privées, la réponse de Hamid Grine a été catégorique : « Actuellement, cinq chaînes ont eu leur agrément. Nous nous penchons actuellement sur les demandes qui nous sont parvenues et nous les étudions loin de toute subjectivité et tension. L'étude se fait sans précipitation. » Ces précautions sont édictées, selon le ministre, par le souci d'éviter tout éventuel problème. « Imaginez l'onde de choc si l'une des chaînes diffuse une fausse information. N'oublions pas qu'il s'agit de médias lourds et leur impact sur l'opinion, comparativement à la presse écrite, est considérable. D'où notre démarche qui ne tolère aucune précipitation ni jugement subjectif », conclut-il.