Chez les «Chaouias» Yennayer est appelé «Ass n Feraaun», (Le jour de Pharaon) où l'on célèbre «la mort du Pharaon tombé dans la mer». Une évocation populaire qui se nourrirait de la victoire des Libyens sur l'Egypte et de l'installation du Roi Chechnaq 1er au sommet de la 22e dynastie pharaonique en 950 avant. JC. Le repas du soir dans ces régions des Aurès, «imensi n Yennayer», est servi dans le respect du nombre des membres de la famille élargie, on rajoute le couvert de l'absent, éventuellement «iminig» (le voyageur), la fille mariée et surtout du maître de maison «assas buxxam». La tradition exige que l'on ne vide pas les plats, ce qui signifie que l'on ne doit pas avoir faim. Dans l'anti-Atlas par exemple, Yennayer est marqué par des actions de purification de la maison au petit jour. La maîtresse nettoie tous les recoins de la maison, en saupoudrant à l'ibsis (mélange de farine, huile et sel). Elle balaie ensuite toutes les pièces pour «chasser» tamart n gar aseggwas («l'épouse de la mauvaise année») qui n'est autre que tamara la «misère» (mot à éviter ce jour-là). «Ennayer», qui est appelé aussi Haggus chez les Berbères du Maroc, est la porte qui ouvre l'année au solstice d'été est celle qui la ferme. Mais la fête principale est bien l'Ennayer qui dure, selon les régions, deux, trois ou quatre jours. Le dernier jour de l'année, la veille de l'Ennayer, est ressenti comme un jour de deuil et la cuisine s'en ressent. Le plus souvent on se prive de couscous qui est remplacé par du berkoukes, boulettes de farine cuites dans un bouillon léger. Ailleurs on ne consomme que du lait ou des légumes secs cuits à l'eau ou encore des pédoncules d'arum, comme en Kabylie. Au sud du Maroc, on prépare souvent une bouillie contenant le noyau d'une datte ou d'un autre fruit. Ainsi, toute la famille se réunit autour de ce plat pour célébrer la nouvelle année ; celui qui trouvera le noyau de datte est chanceux. Dans certaines régions, la célébration de Yennayer dure jusqu'à trois jours. Chaque jour on y prépare un plat différent : le premier jour, on fait la bouillie, le deuxième jour le couscous aux sept légumes et le troisième jour, on y prépare des poulets. Au cours de la fête de l'Ennayer, des masques divers interviennent, réclamant de l'argent ou des mets destinés à la célébration collective. Ce sont «L'âne aux figues» à Nédroma, le Bou Bnani à Tlemcen, le Bou Redouan dans l'Ouest tunisien. Ailleurs c'est un chameau ou un lion mais le personnage le plus important est la vieille de l'Ennayer.