Fêter Yennayar, le jour de l'an berbère, n'est pas nouveau ; ce qui est nouveau en revanche, c'est que, depuis quelque temps, des institutions culturelles inscrivent cet événement dans leur agenda prévisionnel. C'est le cas de l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, qui prend même une longueur d'avance sur ce rendez-vous qui intervient le 12 janvier de chaque année, pour proposer, deux jours avant, un menu spécial pour célébrer cette fête. Une fête qui ne touche pas seulement quelques régions de la Kabylie, mais aussi la Numidie entière. Car sachez que cette fête antique, est datée selon un calendrier agraire qu'utilisaient les paysans berbères de l'Antiquité. Il correspond au premier jour du mois de janvier du Calendrier Julien. C'est sur proposition de l'académie berbère de créer vers 1968, une " ère berbère " tout comme il y a une ère chrétienne et une islamique, qu'on a fixé comme an zéro du calendriers berbère les premières Manifestations connues de la civilisation berbère, au temps de l'Egypte ancienne. La période -phare de cette date se situait au moment où le roi libyen Chechnaq Ier (Cacnaq) fondateur de la 22e dynastie égyptienne monta sur le trône et devînt pharaon en Égypte. Avant d'envahir la Palestine, il réunifia l'Égypte. À Jérusalem, il s'empara de l'or et des trésors du temple de Salomon, un grand évènement cité d'ailleurs dans la Bible. Yennayer est la seule fête non musulmane commune à tous les peuples d'Afrique du Nord. Dans chaque région, elle donne lieu à des festivités diverses et à des repas familiaux. Au-delà du fait que cette tradition millénaire est célébrée dans la plupart des chaumières, par un dîner royal, un couscous généralement fait à base de légumes de saisons, ou de légumes secs, de volaille ou de viande, de fruits secs ….., certaines institutions culturelles, notamment, Art et Culture, tentent de retranscrire ce rendez-vous antique dans ses régulières manifestation, mais avec une touche de réflexion. C'est ainsi qu'à partir de demain, Art et Culture propose durant trois jours, une série d'activités sous le thème générique de "Yennayer, patrimoine, verbe et symbole". Ces activités qui se dérouleront au complexe touristique Laâdi-Flici, comprennent des tables rondes, des expo relatives aux repères sémantiques de Yennayer, de la poésie, signature d'ouvrages sur le sujet,…le point nodal de cette célébration sera la présentation d'un grand couscous royal fait à base de poulet, et que Arts et Culture inscrit comme étant, " Imensi n'yennayer " (le dîner de yennayer), ce qui correspond un peu au dîner du réveillon sans la bûche bien sûr. Encore tenace, le jour de l'an berbère, sera en revanche célébré dans quelques foyers algériens sans aucune distinction linguistique, puisque nous le disions plus haut, cette fête a concerné durant des siècles la population numide, tout entière. Un Arabe des Hauts-Plateaux, de Tunis ou de Marrakceh,, pourrait donc fêter Yennayer, tout comme le Kabyle du Djurdjura. Cette tradition fondamentalement paysanne, n'est qu'un présage ou un vœu légitime d'une population antique d'attendre un nouvel an, le ventre plein, la chaumière chaude et propre. Un vœu pour que les graines de semences explosent et que la terre soit humectée pour plus de générosité.