Les 17 ministres des Affaires étrangères (russe, américain, iranien, européens et arabes ) participant, samedi dernier à Vienne, à une réunion sur la crise syrienne, se sont mis d'accord, après six heures de discussions, sur un « calendrier concret ». Celui-ci porte sur l'ouverture, dès que possible, de négociations formelles entre le gouvernement syrien et l'opposition, sous les auspices de l'ONU. « Le calendrier concret sur lequel nous nous sommes entendus aujourd'hui est celui d'élections dans 18 mois en Syrie », à l'issue d' « un processus qui comprendra la formation d'un gouvernement de transition d'ici six mois », déclare Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, espérant la tenue d'ici le 1er janvier d'une rencontre entre représentants de l'opposition syrienne et du régime de Damas sous les auspices de Staffan de Mistura, le délégué spécial de l'ONU pour la Syrie. D'ici six mois, selon l'échéancier adopté, les négociations devraient permettre d'établir un gouvernement de transition « crédible, inclusif et non religieux » qui déterminerait un calendrier pour rédiger une nouvelle Constitution, a indiqué un communiqué conjoint signé par les Nations unies au nom des 19 parties présentes à Vienne. Les participants souhaitent aussi l'adoption, prochainement, par le Conseil de sécurité, d'une résolution pour contrôler le cessez-le-feu en Syrie. Une mission de surveillance, sous l'égide de l'ONU, devrait voir ses attributions confirmées par cette résolution. Les cinq membres permanents du Conseil (la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, les USA et la France) ont promis de soutenir cette résolution. Deux points de divergence demeurent au sein du Groupe international de soutien à la Syrie qui n'a, il faut le souligner, jamais débouché avant cette réunion de Vienne sur une feuille de route aussi précise. Le premier porte sur le sort du président Bachar al-Assad. Contrairement à certains pays arabes et européens, la Russie et l'Iran refusent son départ immédiat. « Nous avons redit que l'avenir de la Syrie doit être décidé par les Syriens eux-mêmes, précise le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov. Cela vaut aussi pour l'avenir de Bachar al-Assad et des dirigeants politiques de ce pays ». « Nous avons toujours des divergences concernant ce qu'il doit advenir de Bachar al-Assad », indique le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. « La situation est telle qu'il est devenu un pôle d'attraction pour les combattants étrangers », a-t-il précisé. « Les gens viennent des 4 coins du monde pour rejoindre les rangs de Daesh ou du front Al-Nosra, des combattants engagés dans la lutte contre Assad. Et cette lutte va se poursuivre. La meilleure chose à faire face à cette situation, c'est – pour Bachar al-Assad – de reconnaître que pour sauver son pays, il doit accepter la transition et permettre aux pays de la région de s'unir pour détruire Daesh. Voilà la feuille de match », explique le secrétaire d'Etat. Le second porte sur l'identification des composantes de l'opposition syrienne à intégrer au processus de règlement politique. Selon Moscou, la Jordanie sera chargée de « coordonner une liste commune de groupes terroristes » sous l'égide du Conseil de sécurité à partir des propositions des différents participants. Une nouvelle rencontre de ce Groupe international doit avoir lieu « dans environ un mois ».