L'Algérie se dotera d'une institution de la fatwa après l'adoption d'une nouvelle Constitution, a annoncé, lundi dernier, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Mohamed Aïssa, en marge de sa visite dans la wilaya de Tipasa. Selon le ministre, la nature et le cadre juridique de cette institution demeurent tributaires des amendements prévus dans la future loi fondamentale du pays, surtout dans son volet relatif à la réorganisation et la révision des prérogatives et du champ d'action du Haut-Conseil islamique. Ainsi, Mohamed Aïssa évoque la création d'une institution de la fatwa et non pas d'un mufti de la République. « Notre vision est institutionnelle. Nous avantageons la création d'une institution de la fatwa, constituée essentiellement d'ulémas et d'autres scientifiques et experts dans différents domaines, à l'instar de la sociologie et de l'astronomie », confie-t-il. Et d'ajouter : « La fatwa sera donc débattue et soumise à enrichissement par l'ensemble des membres de cette institution qui sera chapeautée par une personnalité élue par ses pairs pour un mandat. » Selon lui, la création de cette institution s'inscrit en droite ligne de la politique des pouvoirs publics sous-tendant la consolidation de l'ancrage de la référence religieuse nationale (rite malékite) au sein de la société. Insistant sur le fait que la référence religieuse nationale est un vecteur de tolérance, de l'Islam modéré et du juste milieu, Aïssa a soutenu, lors d'une rencontre avec les imams et les mourchidate, que « grâce à l'enracinement des valeurs de l'Islam modéré (rite malékite) dans notre société, nous avons pu vaincre le terrorisme ». Il a souligné que l'expérience algérienne en ce sens, notamment en ce qui concerne la lutte contre l'extrémisme violent et l'assèchement des sources du terrorisme, est un modèle qui a été positivement apprécié par nombre de pays. Concernant les groupes extrémistes se disant défenseurs des valeurs islamiques, Mohamed Aïssa a rappelé que l'Islam est étranger aux exactions qu'ils commettent et que jamais la civilisation musulmane n'a connu tant de sauvagerie. « Ce sont des groupes créés dans des laboratoires qui n'ont aucune relation avec notre religion basée sur la tolérance », insiste-t-il. Au cours de sa visite, le ministre s'est enquis à Cherchell, Meurad, Hadjout et Tipasa des projets relevant de son secteur. La wilaya de Tipasa compte 181 mosquées et 85 autres en construction. Parmi les projets phare visités par le ministre, la mosquée pôle qui est dans sa phase de réalisation à Tipasa. Une fois achevée, elle accueillera 10.000 fidèles.