Le « Yalta du terrorisme » prend du plomb dans l'aile. François Hollande n'a pas obtenu, à Washington, l'adhésion de Barack Obama à son projet de « grande et unique » coalition contre Daech qu'il veut constituer suite aux attentats du 13 novembre dernier. Selon toute vraisemblance, il n'aura pas non plus, après le Su 24 russe abattu par les Turcs, une « provocation planifiée », dixit Sergueï Lavrov, celle de Vladimir Poutine qu'il rencontrera aujourd'hui à Moscou. La raison ou les raisons de l'échec de cette « réconciliation internationale sur le dos du terrorisme » ? Comme le Britannique David Cameron qu'il a vu lundi, et la chancelière Angela Merkel, hier soir, chacun des deux a son propre agenda. Au mieux, ces dirigeants qui ont engagé une course contre la montre pour la domination du Moyen-Orient où « leurs intérêts sont contradictoires », consentent à parler de « coordination ». Au-delà d'une promesse d'intensifier les frappes américaines pour « détruire Daech partout où il se trouve », sans donner des détails, Obama, qui estime qu'« il n'y a pas actuellement de menace spécifique, crédible » du groupe terroriste visant les Etats-Unis, réclame deux choses : le départ de Bachar Al Assad et surtout la concentration des frappes russes sur uniquement les positions de Daech. « Si leur priorité est d'attaquer l'opposition modérée qui pourrait faire partie d'un futur gouvernement syrien, la Russie n'aura pas le soutien de notre coalition », déclare le président américain. Des propos que ne partage pas Merkel. « Résoudre le conflit syrien qui a fait au moins 250.000 morts depuis 2011 et contraint des millions de Syriens à l'exil, nécessite de parler avec de nombreux acteurs, et cela implique Assad », dit-elle. Poutine, qui va « sérieusement réévaluer » les relations de son pays avec la Turquie, annonce le déploiement sur sa base aérienne de Hmeimim en Syrie des systèmes de défense antiaérienne S-400, le vol désormais des bombardiers russes sous la protection de chasseurs et l'envoi près de la province de Lattaquié (nord-ouest de la Syrie) du croiseur lance-missiles Moskva. Il annonce aussi qu'il est « prêt » à constituer « un état-major commun » contre Daech avec Paris, Washington et tous les pays qui veulent bien aller dans cette coalition ».