La maîtrise de la situation économique grâce au bas de laine que constituent les réserves de change ne doit pas dispenser de faire l'effort de construire une alternative à la volatilité du marché pétrolier. L'assurance du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, formulée lors de sa visite à Aïn Defla, s'accompagne d'un appel renouvelé à se mobiliser pour contrecarrer les effets de la crise pétrolière qui ont réduit drastiquement les recettes du pays. Le discours n'est pas nouveau mais l'on comprend l'insistance à édifier une économie affranchie de la volatilité du marché des hydrocarbures. Il est d'autant crucial de prioriser l'action de l'Etat dans la relance de l'économie nationale que les prévisions ne sont pas en faveur d'un rebondissement des cours du baril en 2016. Et pour l'année suivante, c'est une petite amélioration qui est envisagée par les experts. L'alternative à la rente pétrolière, qui représente 93% des revenus de l'Etat, que le gouvernement s'applique à mettre en place dans une quête éperdue de diversification de l'économie, s'appuie sur, entre autres secteurs, l'agriculture, « appelée à jouer un rôle primordial dans les années à venir ». Un meilleur rendement de l'activité agricole répondra à un double objectif : couvrir les besoins alimentaires du pays pour ensuite entrevoir d'exporter et réduire la facture d'importations qui a considérablement impacté l'équilibre budgétaire du fait de son envolée. Les potentialités existantes dans ce secteur représentent l'un des facteurs qui fondent l'optimisme. « La situation est difficile, mais les solutions sont entre nos mains », a déclaré Sellal lors de sa rencontre, à Aïn Defla, avec les agriculteurs à l'occasion du 41e anniversaire de la création de l'Union nationale des paysans algériens. L'enjeu est donc de rompre avec l'inertie générale qui semble avoir paralysé tous les compartiments de l'économie nationale. Se remettre au travail, voilà ce à quoi il faut persuader les uns et les autres. Dans les échanges avec les paysans, le propos est, à juste titre, centré sur les moyens à mettre en œuvre pour arrimer l'agriculture aux ambitions nouvelles qui lui sont dévolues dans la nouvelle stratégie gouvernementale de relance de l'appareil de production économique. En l'espèce, des repères existent sur la volonté politique de faire réussir sa mue au secteur. Le Premier ministre a renouvelé son engagement à intensifier les efforts à l'effet de lever les entraves ayant contrarié la croissance de l'agriculture. En cela, la référence de base est la conférence de Biskra de 2009 sur le développement agricole où des décisions de soutien au monde des agriculteurs ont été prises. Outre l'effacement de la dette de ces derniers et des éleveurs de 40 milliards de dinars, il a été lancé à l'initiative du président Bouteflika, lors de cette rencontre, la politique du renouveau agricole et rural. Un soutien financier sous forme d'une enveloppe annuelle de 200 milliards de dinars en guise de soutien aux différentes filières est mobilisé depuis. Les agriculteurs sont à nouveau assurés, à l'occasion du 14e anniversaire de leur organisation, de l'intérêt privilégié que porte l'Etat à leur secteur dans cette quête stratégique de construction d'une économie de substitution à la manne pétro-gazière. Les mesures de facilitation des investissements dans les projets de promotion de l'industrie agroalimentaire ainsi que la création de centres de formation compléteront un dispositif déjà en place visant à moderniser les équipements, à protéger le foncier agricole des usurpateurs et à élargir significativement le potentiel des périmètres irrigués. Au vu des atouts du pays, l'immensité variée de son territoire, l'ambition d'envergure confiée à l'agriculture n'est pas un mirage. Mais une attente légitime.