« Il faudra 100.000 soldats », déclare John McCain, le président du Comité des forces armées du Sénat américain en visite à Baghdad. « Cela ne serait pas difficile pour l'Egypte. Ce serait difficile pour l'Arabie saoudite et les pays plus petits », dit-il comptant sur la Turquie pour fournir le reste des forces. Cette force inclurait, affirme le sénateur américain, Lindsey Graham, 10.000 soldats américains pour « fournir des compétences que les Arabes n'ont pas ». « Peut-être aussi avec des pays de l'Otan » explique John McCain sur France 24. Et de préciser : « Nous pourrions être sur le terrain avec une couverture aérienne pour pouvoir attaquer Daech. Ils ne sont pas invincibles, ils ne sont pas imbattables ». Comme l'ex-candidat malheureux à la présidentielle de 2008 face à Obama, Lindsey Graham, qui estime qu'il faut augmenter aussi le nombre des militaires américains en Irak à 10.000. « C'est différent que lors des deux dernières guerres », déclare le sénateur Lindsey Graham, en référence aux conflits de quatorze ans en Afghanistan et de près de neuf ans en Irak, au cours duquel l'organisation terroriste, qui a réussi en moins d'une année à contrôler de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, a été fondée. « Cette fois-ci (ce serait) une grande armée régionale avec une petite composante occidentale. Les deux dernières guerres ont vu une grande participation occidentale avec une force régionale réduite », rappelle-t-il. Les Egyptiens, qui sont confrontés à une insurrection terroriste au Sinaï et les Saoudiens qui sont actuellement engagés dans une guerre au Yémen, vont-ils mobiliser assez de forces pour faire la guerre à Daech ? Même la Turquie, qui est en guerre contre les Kurdes, pourrait décliner cette « invitation ». Raison de cet appel des Républicains à aller en guerre ? Les Etats-Unis ont « des centaines » de leurs ressortissants « qui se rendent en Syrie et en Irak et 50 sont revenus aux Etats-Unis », déplore sur CNN le président républicain de la commission de la Sécurité intérieure, Michael McCaul. « Nous avons procédé aux arrestations de plus de 70 membres de Daech l'année dernière », dit-il. « Au cours des 12 derniers mois, il y a eu plus de signes de menace à la fois chez nous et au Moyen-Orient que nous n'en avons eu depuis le 11 septembre. Donc le risque reste élevé », estime le républicain Richard Burr, président de la Commission du renseignement du Sénat. « La réalité, dit-il, est que Daech peut être contenu géographiquement en Syrie et en Irak, mais ses efforts de par le monde pour projeter le terrorisme et commettre (des attaques) terroristes sont plus efficaces aujourd'hui qu'ils ne l'ont jamais été en l'absence de stratégie » américaine. En attendant ce déploiement annoncé, les Occidentaux n'excluent plus une collaboration avec l'armée syrienne pour lutter contre le groupe terroriste. Même si certains, comme les Français, enrobent leur position d'une condition : « Si on arrive à une transition politique et que ce n'est plus Bachar qui dirige l'armée syrienne », déclarait, hier, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, sur la radio France Inter, interrogé au Bourget où se déroule la conférence sur le climat. Daech, qui profite des divergences d'agendas politiques des uns et des autres, continue à étendre son empire au-delà de la Syrie et de l'Irak. Il est depuis peu assez présent en Libye qui est plongée dans le chaos. Selon les estimations du Wall Street Journal, en un an, l'organisation terroriste, qui a construit une base à Syrte, a accru ses effectifs de 200 à 5.000. Le but ultime de Daech, qui contrôle 150 km du littoral méditerranéen en Libye selon le New York Times, est d'« attaquer l'Italie », avance Ismail Shukri, le chef du renseignement militaire libyen. « La subdivision de Daech en Libye nous préoccupe au plus haut point. C'est le point crucial d'où le groupe terroriste étend sa zone d'influence sur toute l'Afrique du Nord », écrit Patrick Pryor, l'analyste principal du service du renseignement du ministère américain de la Défense.