Si l'impératif de réduction des émissions des gaz à effet de serre fait consensus, les approches différent entre le Nord et le Sud en victime de la pollution industrielle. Les négociations ne sont pas de tout repos sur le contenu de l'accord qui contient, selon la Fondation Nicolas-Hulot, plus de « 200 options ». De grands chapitres structurent le débat portant notamment sur l'objectif de long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre (2°C par rapport à l'ère pré-industrielle), l'adaptation au changement climatique, les financements des politiques climatiques des pays du Sud, et le mécanisme pour réviser régulièrement à la hausse les engagements des pays. L'avenir de la planète est en jeu. Le seuil a minima de +2°C est perçu comme une question de vie ou de mort, Au-delà, nous disent les spécialistes, c'est l'apocalypse : des cyclones à répétition, la fonte des neiges et l'immersion des territoires de Bombay à New York. Le scénario du pire est évoqué par l'Université britannique de Leicester qui estime qu'un réchauffement de 6°C — possible d'ici la fin du siècle si aucune mesure n'est prise — pourrait conduire la Terre à se retrouver sans oxygène à cause de l'arrêt de la production d'oxygène du phytoplancton, organismes végétaux aquatiques qui en fournissent les deux tiers. « Dans cette embarcation qui fait que le monde avance », selon la formulation émise par Hollande, la question de la responsabilité « historique » du Nord et, dans une moindre mesure, « commune différenciée » assumée par le Sud, est incontournable dans l'identification du « cap et des moyens » pour concrétiser l'objectif de réduction à moins de 2°. La sentence est rapidement établie : 10% des habitants les plus riches de la planète émettent plus de la moitié du CO2, alors que la moitié la plus pauvre du globe n'en rejette que 10%, relève une étude publiée par l'ONG Oxfam. « C'est une crise induite par les émissions de gaz à effet de serre des nantis qui frappe le plus durement des pays pauvres », relève un rapport sur « les inégalités extrêmes et émissions de CO2 », publié en marge des négociations. Les inégalités de développement et, inévitablement, les modèles de consommation des plus riches mènent au désastre climatique. Le rapport montre en effet qu'une personne qui fait partie des 1% les plus riches au monde « génère en moyenne 175 fois plus de CO2 qu'une personne se situant dans les 10% les plus pauvres ». La part des grands pays émergeants (notamment la Chine et l'Inde en 1er et 3e pollueur mondial), reste « plus faible que celles de leurs équivalents dans les pays riches de l'OCDE », estime Oxfam. Elle est bien plus insignifiante pour les pays en développement dont les émissions, en augmentation rapide, proviennent en grande partie de la production des biens consommés dans d'autres pays. Car l'Afrique subit de plein fouet les effets du changement climatique. Elle doit légitimement profiter de cette grande opportunité pour lever les injustices historiques. La COP21 présente un « énorme intérêt » pour l'Afrique, selon le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. « Une grande partie de votre économie dépend de ressources naturelles qui sont sensibles au climat, y compris l'agriculture qui dépend de la pluviométrie. Les perturbations dans l'approvisionnement en nourriture ou en eau présentent des risques graves non seulement pour vos économies, mais aussi pour la stabilité politique, en particulier dans les pays fragiles », a-t-il déclaré lors d'une réunion rassemblant les dirigeants africains au Sommet de Paris. Trop pauvre pour être pollueuse, l'Afrique mérite assurément un plan spécifique. « Elle est le continent qui souffre le plus du dérèglement climatique. Répondre à cette souffrance est une question de justice et c'est une condition pour que la COP 21 aboutisse à un accord sérieux », a lancé au premier jour de la conférence le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim,