A l'approche de l'échéance du 1er janvier, décrétée à la mi-novembre à Vienne par 17 pays pour fixer un calendrier prévoyant le lancement des négociations entre les représentants de l'opposition et du régime, la formation d'un gouvernement transitoire dans les 6 mois et l'organisation des élections dans 18 mois, le rassemblement saoudien est dicté par une évolution sensible de la question syrienne, marquée par l'onde de choc provoquée par l'entrée en scène fulgurante de la Russie, la prise de conscience du rôle incontournable du président Bachar Al Assad dans la transition et, surtout, le changement du rapport de force sur le terrain annonciateur du retour en force de l'armée régulière syrienne. Le basculement a nettement imposé une révision déchirante des puissances occidentales désormais acquises à la guerre mondiale contre Daech, lançant des attaques meurtrières à Paris, Londres et la Californie, et à la participation de Bachar Al Assad voué auparavant aux gémonies. Il est dans la logique de la nouvelle donne stratégique que l'excommunication de Daech et du Front Nosra, bannis de Riyad, travaille à la légitimation des forces politiques et des groupes armés alliés. La remise sur selle de « tous les groupes modérés de l'opposition syrienne, de différents types et tendances, à partir du spectre ethnique, religieux et politique à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie », selon la formulation d'un responsable du ministère des Affaires étrangères saoudien, réunit 65 représentants dont 20 membres de la coalition nationale syrienne (CNS) et 15 éléments des groupes armés. Si conséquemment Daech et le Front Nosra ne font plus partie de la grande famille saoudienne, l'armée de l'Islam (Jaïch El Islam) trônant sur la banlieue de la Ghouta orientale (près de Damas), la coalition du Front du Sud, le groupe Ahrar Al-Cham présenté comme le mouvement le plus puissant après le duo Nosra - Daech, seront de la partie. Dans un communiqué, le porte-parole de Jaïch al-Islam, Islam Allouche, a confirmé l'absence de son chef, Zahrane Allouche, et la participation de deux délégués dans la capitale saoudienne, Mohammad Allouche et Mohammad Birqdar. Cependant, les retrouvailles saoudiennes de l'opposition syrienne dite modérée, vivement dénoncées par l'Iran criant aux manœuvres visant à saborder les négociations internationales, prêchent par le refus d'associer les organisations kurdes et les forces démocratiques constituées de milices kurdes, arabes et chrétiennes. C'est dans la ville syrienne d'Al-Malikyah, que la riposte kurde s'est fait sentir. Une conférence sur l'avenir de la Syrie a été organisée simultanément pour revendiquer et défendre le statut d'interlocuteur valable dans le processus de négociations et la période de transition. Mais, dans son ensemble, la démarche est rejetée par le président Bachar Al Assad, niant l'existence même des rebelles « modérés » et jugeant, dans une interview accordée au Sunday Times, imaginaire, le chiffre faramineux de « 70. 000 » éléments, avancé par le gouvernement britannique. Dans une allusion claire à la dichotomie établie entre les parias de Daech-Nosra, et les autres groupes, Bachar Al Assad a estimé opportunément que « vous ne pouvez pas soigner une partie d'une tumeur cancéreuse qu'il s'agit d'« extraire complètement ».