Le bilan des émeutes qui ébranlent la Tunisie s'alourdit. Malgré le discours du président Ben Ali, la protesta n'a pas cessé. Notamment dans les villes défavorisées, El Kef et Gafsa. Tout comme le nombre de morts. 20 depuis le début du mouvement, le 18 décembre à Sidi Bouzid, selon le ministère de l'Intérieur qui a ordonné la fermeture de toutes les écoles et universités du pays jusqu'à nouvel ordre. 23 morts selon Amnesty International. La Fédération internationale des droits de l'homme, qui s'appuie sur une liste nominative, fait état de 35 morts. « 50 tués ces trois derniers jours », selon Sadok Mahmoudi, membre de l'Union régionale de l'Union générale des travailleurs tunisiens et le président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, Me Mokhter Trifi. Souhayr Belhassen, la présidente tunisienne de la FIDH, fait état d'« hôpitaux de Sfax et de Kairouan » débordés. La promesse de Ben Ali de créer 300.000 emplois en deux ans, dont 50.000 dans le secteur privé, sa qualification des « violences d'actes terroristes dirigées par des éléments étrangers » et le déploiement de l'armée à Thala, Kasserine, Seliana, Regueb et Meknassi, n'ont pas réussi à désamorcer les plus graves protestations sociales depuis les émeutes du pain en 1987. Des villes « silencieuses » depuis le début des événements, comme Bizerte, ont «bougé » et des manifestants à Kasserine ont attaqué des postes de police avec des barres de fer et des cocktails Molotov ! Faits nouveaux, des journalistes et des comédiens ont « bougé » à Tunis. Les premiers pour pouvoir rendre compte librement des troubles que connaît le pays. Les seconds pour dénoncer la violence et exprimer leur indignation. Vainement. La police les en a empêchés. Devant l'escalade de la violence, la communauté internationale dit son inquiétude. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'Union européenne, les Etats-Unis appellent « au respect des libertés fondamentales ».