Les grandes puissances désireuses d'en finir avec la guerre en Syrie ont adopté au Conseil de sécurité de l'ONU, vendredi dernier, une résolution appelant à un cessez-le-feu et à des négociations en janvier 2016. La résolution a été adoptée à l'unanimité. Les 15 pays-membres du Conseil se sont réunis au niveau des chefs de la diplomatie sous la présidence de l'Américain John Kerry. Ce texte « envoie un message clair à tous pour dire qu'il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie », a-t-il affirmé. Kerry a souligné la difficulté de la tâche mais a tenu à saluer l'« unité sans précédent » des grandes puissances. Le Conseil de sécurité a demandé au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'organiser entre le gouvernement et l'opposition syriens des « négociations officielles sur un processus de transition politique ». L'objectif est que ces discussions soient entamées « en janvier 2016 » et coïncideront avec un cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire syrien, que l'ONU devra aider à mettre en place et à surveiller. « En janvier 2016, nous espérons être en mesure d'instaurer un cessez-le-feu, ce qui veut dire plus de largages de barils d'explosifs, plus de bombardements, plus de tirs ni d'attaques d'un côté comme de l'autre », a déclaré Kerry. Le médiateur de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'est montré « réaliste » sur le calendrier. « Nous espérons être capables de le faire en janvier 2016 », a-t-il dit. La feuille de route prévoit un gouvernement de transition dans les six mois, et des élections dans les 18 à venir. La résolution précise toutefois que ce cessez-le-feu ne s'appliquera pas aux opérations contre les groupes extrémistes comme Daech et Jabhet Al-Nosra. Le Conseil appelle à « éliminer le sanctuaire qu'ils ont créé sur une grande partie de la Syrie ». Divergences Mais la résolution ne dit rien sur le sort qui sera réservé au président Bachar Al Assad. Les Occidentaux souhaitent son départ, sans préciser de date, contrairement à la Russie. Cette divergence est un des principaux obstacles à un règlement. Pour Kerry, le président Assad « a perdu la capacité et la crédibilité nécessaires pour unir et diriger son pays ». Mais son homologue russe a réaffirmé que pour Moscou, c'est aux Syriens d'en décider. « Seul un large dialogue mené par les Syriens eux-mêmes peut mettre un terme aux souffrances du peuple syrien », a soutenu Sergueï Lavrov. Les opposants réunis à Riyad ont accepté de négocier avec Damas, mais exigé le départ d'Assad dès le début de la transition politique. Peu avant ce vote, le président américain, Barack Obama, a réaffirmé qu'Assad devait quitter le pouvoir. Il a jugé qu'il n'y aurait pas de paix en Syrie « sans un gouvernement légitime », lors de sa conférence de presse de fin d'année. La principale coalition de l'opposition syrienne a estimé, vendredi dernier, que vouloir des négociations et un cessez-le-feu dès le début janvier 2016 n'était pas réaliste. Najib Ghadbian, représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, a demandé, « à peu près un mois », pour préparer les pourparlers de paix. Autre point délicat, la liste des groupes terroristes à exclure du processus de paix. La Jordanie a annoncé, vendredi dernier à New York, qu'elle avait présenté une « matrice » reflétant les différentes listes des 17 pays du Groupe de soutien et qui devrait inclure Daech et Al Nosra.