L'adoption d'une résolution onusienne qui appelle à un cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire syrien et à des négociations de paix dès début janvier, a été vivement saluée par l'ensemble de la communauté internationale y voyant "un pas très important" vers la fin de près de cinq ans de crise dans ce pays. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, estime que la résolution 2254, adoptée à l'unanimité vendredi par Conseil de sécurité de l'ONU, "envoie un message clair à tous pour dire qu'il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie", saluant un "degré d'unité sans précédent" de la part des grandes puissances pour trouver une solution politique au conflit déclenché en mars 2011. De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a salué "la première résolution qui se concentre sur les moyens politiques de résoudre la crise", soulignant que "c'est un pas très important qui nous permet de progresser vers une solution. Il a affirmé que les Nations unies "était prêtes" à jouer leur rôle pour organiser les négociations de paix et mettre en place et surveiller le cessez-le-feu. Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond, s'est lui félicité d'un "grand pas en avant" dans la résolution de la crise syrienne et a salué une résolution fournissant "un calendrier et une direction claire". Le texte, fruit de difficiles négociations entre les cinq membres permanents du Conseil (Etats-Unis, Russie, France, Royaume Uni, Chine), a été également salué par la Chine y voyant "une nouvelle impulsion pour résoudre la crise syrienne". "La résolution incarne un large consensus au sein de la communauté internationale, démontre le rôle important du Conseil, reflète les sincères aspirations du peuple syrien et donne une nouvelle impulsion en faveur d'un règlement politique de la question syrienne", s'est félicité le ministre chinois des Affaires étrangères, M. Wang Yi, devant le Conseil de sécurité. Ce que prévoit la résolution 2254 Dans un nouvel effort pour mettre fin à un conflit qui a fait plus de 250.000 morts et des millions de réfugiés en quatre ans et demi, le Conseil de sécurité demande à Ban Ki-moon de "réunir des représentants du gouvernement syrien et de l'opposition afin qu'ils entament des négociations formelles sur un processus de transition politique de manière urgente, avec pour objectif de commencer ces discussions au début janvier 2016". Le Conseil "confirme son soutien au Communiqué de Genève" de juin 2012 sur une transition politique en Syrie et "entérine les déclarations de Vienne". Le texte reprend tous les éléments de la feuille de route mise au point par les grandes puissances lors de leurs réunions en octobre et novembre à Vienne. Outre la rencontre opposition/pouvoir et un cessez-le-feu, la feuille de route de Vienne prévoit un gouvernement de transition dans les six mois, ainsi que des élections dans les 18 mois. Toutefois, le document n'a pas évoqué le sort du président syrien Bachar al-Assad, un des principaux obstacles à un règlement de la crise syrienne. "C'est aux Syriens de décider de leur avenir" Les Occidentaux campent sur leurs positions et insistent sur le départ de Bachar al-Assad: John Kerry estime, dans ce contexte, que le président al-Assad "a perdu la capacité et la crédibilité nécessaires pour unir et diriger son pays". Cet avis est partagé par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius qui a réclamé "des garanties" pour s'assurer du départ du président syrien. Mais son homologue russe Sergueï Lavrov a réaffirmé que pour Moscou, c'est aux Syriens d'en décider: "seul un large dialogue mené par les Syriens eux-mêmes peut mettre un terme aux souffrances du peuple syrien". La Chine a soutenu, dans ce sens, par le biais de son chef de la diplomatie: "L'avenir de la Syrie doit être décidé par les Syriens eux-mêmes". Par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, l'Iran, a réaffirmé que la candidature de Bachar Assad pour la présidence à la fin de ce processus politique "dépend de lui-même et en fin de compte il appartient aux Syriens de décider". Côté opposition, la principale coalition de l'opposition syrienne a estimé que vouloir des négociations et un cessez-le-feu dès le début janvier n'"était pas réaliste". Najib Ghadbian, représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, a demandé "à peu près un mois" pour préparer les pourparlers de paix. Or, le médiateur de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, s'est montré "réaliste" sur le calendrier, qui fixait initialement la date du 1er janvier. "Nous espérons (..) être capable de le faire en janvier", a-t-il dit.