Tout a commencé lorsque, vers minuit, le « guet apens » commis la veille par de « jeunes encagoulés » a viré à l'affrontement aves les forces de sécurité dont l'intervention a duré jusqu'après de 3h du matin. Deux pompiers et un policier avaient été blessés dans « une embuscade préparée, planifiée pour s'en prendre aux pompiers et aux forces de l'ordre », a souligné Charles Voglimacci, l'élu du département et président du service départemental de secours et d'incendie appelant « l'Etat et la justice » à prendre leurs responsabilités. Au lendemain de cette folle nuit des « casseurs », le brasier de la haine xénophobe et islamophobe a été rallumé en marge d'une manifestation de soutien aux pompiers et aux policiers blessés qui a viré en expédition punitive. Une salle de prière et un restaurant Kebab ont été vandalisés dans la cité des Jardins de l'Empereur investie par un groupe de protestataires déclenchant une chasse à l'homme dans les immeubles cadenassés à la recherche des « auteurs présumés de l'attaque » de la veille. Le calme est certes revenu dans ce quartier quadrillé par les CRS dont la présence va monter en puissance, au cours des prochains jours, a indiqué le sous-préfet Lalanne. Une surveillance des 5 lieux de culte a été établie. « Tous les moyens » seront mobilisés pour éviter tout dérapage aux lourdes conséquences, a annoncé le préfet de Corse, Christophe Mirmand. Dans ce climat de terreur, l'inquiétude est montée de cran. En Corse, le tout récent président du Conseil exécutif, Corse Gilles Simeoni, a condamné « des actes racistes complètement contraires à la Corse que nous voulons », tout en affichant plus tôt sur Twitter son soutien aux pompiers et aux policiers. En France, le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé la « profanation inacceptable » aux « relents de racisme et de xénophobie ». De son côté, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a assuré que ces violations des valeurs républicaines et cette agression ne « sauraient rester impunies ». Assurément, le fait marquant réside dans le déclenchement de l'engrenage de la violence en plein Noël et Mouloud célébrés le même jour par les chrétiens et les musulmans censés partager les valeurs de tolérance et de fraternité, comme le relève l'Observatoire national contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM). « Nous sommes absolument consternés et attristés », a réagi Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, sur la chaîne d'info française BFMTV, en lançant un appel au « calme, au sang-froid et à l'apaisement ». A qui profite la journée endeuillée de Noël et du Mouloud ? Dans la France du défi terroriste, mobilisant environ 120.000 policiers gendarmes et militaires pour sécuriser les célébrations de Noël, et du piège de l'islamophobie (en hausse de 281% au premier semestre 2015, soit 274 actes et menaces antimusulmans répertoriés contre 72 par rapport à la même période de l'an dernier), l'ombre du Front national (9% au second tour des régionales en Corse)) plane lourdement sur cette collectivité aux pouvoirs plus étendus que les autres régions continentales passant aux mains des nationalistes du parti Pé Corsica dirigé par Gilles Simeoni (36,9%). « Les violences inacceptables qui ont frappé Ajaccio le 25 décembre sont les conséquences malheureusement prévisibles de la politique de laxisme et de faiblesse qui laisse des quartiers devenir des zones de non-droit et des représentants de la force publique être quotidiennement agressés », a affirmé dans un communiqué le FN légitimant le « risque évident » de représailles et le cycle de violence. Sous le brasier corse, couve l'étincelle frontiste.