Le PDG du groupe algéro-allemand Contel Funkwerk, Al Ismaïl Djaâfar Mohamed Réda, a assuré, hier, devant le tribunal criminel près la cour d'Alger, au quatrième jour du procès Sonatrach 1, que le rapport de la police judiciaire le concernant contient de « fausses déclarations ». « Il y a des choses que je n'ai pas dites. J'ai signé ce rapport, car j'étais terrifié. On m'a brandi la menace d'être accusé d'espionnage pour le compte d'entreprises étrangères », a-t-il déclaré durant son audition par le juge Mohamed Reggad. Ce dernier, en se basant sur le procès-verbal de la police judiciaire, a demandé au mis en cause des précisions concernant notamment les contrats que son entreprise avait signés avec Sonatrach. L'accusé, poursuivi, entre autres, pour association de malfaiteurs, passation de marchés en violation de la législation et du règlement en vigueur et corruption, a signé trois contrats avec la Sonatrach d'une valeur de plus de 1.000 milliards de centimes, dont deux conclus de gré à gré et un troisième via une consultation restreinte. Le juge a demandé pourquoi le gré à gré et pourquoi une consultation restreinte alors que le coût dépasse les 1.000 milliards de centimes. Le code algérien des marchés publics interdit, en effet, la conclusion de marché de gré à gré dont le coût dépasse les 197 milliards de centimes. Le juge a demandé également pour quelle raison Sonatrach a choisi son offre, alors que les prix proposés par son entreprise sont les plus élevés. Djaâfar expliquera le choix de son entreprise pour la maîtrise des solutions technologiques les plus performantes dans la télésurveillance et la protection électronique. Le juge l'a, par la suite, interrogé sur les circonstances de l'association des deux fils de l'ex-PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, au groupe Contel. Il s'est avéré que l'un d'eux, Fawzi Meziane en l'occurrence, occupait un poste à Sonatrach à l'époque où il est devenu actionnaire et où les contrats entre le groupe Contel et Sonatrach ont été conclus. Le juge a demandé s'il était « normal » d'introduire le fils du PDG de Sonatrach, qui occupait en plus un poste dans cette entreprise, comme actionnaire dans le groupe Contel, alors que ce dernier s'apprêtait à conclure un marché avec Sonatrach. Le juge demande à l'accusé si les fils Meziane ont eu une part de bénéfices sur ses contrats et si leur père savait qu'ils étaient actionnaires dans le groupe Contel. « Les fils Meziane ont touché des bénéfices, puisqu'ils étaient actionnaires dans le groupe. Mais je ne sais pas si leur père était au courant ou non. Mais du moment que nous avions remis à Sonatrach le statut du groupe, je suppose qu'il le savait », affirme-t-il. Le juge l'a interrogé, ensuite, sur l'une de ses déclarations portées dans son PV, selon laquelle, l'accusé n'avait pas demandé à Fawzi Meziane de l'aider à décrocher les contrats avec Sonatrach, mais que ce dernier aurait pu le faire d'une manière indirecte. Ce qu'il a réfuté en bloc. Il a nié aussi avoir accompagné Fawzi Meziane en Allemagne pour conclure un contrat de consulting avec l'entreprise Funkwerk. La police judiciaire a, dans son rapport, employé le terme « contrat intermédiaire » que l'accusé aurait conclu avec cette entreprise en échange de milliers d'euros. Le juge l'interroge sur le transfert de plus de 600.000 euros effectué par l'entreprise Funkwerk sur le compte de l'accusé en France. Il dira que c'était pour les frais de ses déplacements au profit de cette entreprise. « Le transfert s'est effectué sur mon compte en France, car il est difficile de transférer des devises en Algérie », justifie-t-il. Le juge lui a fait remarquer qu'il est difficile de sortir des devises de l'Algérie et non l'inverse. Pour revenir aux contrats de consulting en faveur de Fawzi Meziane, l'accusé a assuré qu'il n'avait rien à voir là dedans. Toutefois, le juge lui a signalé la présence de contrats de consulting au nom de Fawzi Meziane et de sa défunte mère, Djerroud Guessoum, sur son flash disc saisi par la police judiciaire. « Qu'est-ce que Mme Meziane, qui était femme au foyer, à avoir avec la firme allemande ? », interroge le juge. L'accusé a affirmé que les contrats sur son flash disc sont des « brouillons » pour que Fawzi Meziane ait une idée sur la procédure, assurant qu'ils n'ont été montrés ni à ce dernier ni à la firme allemande.