Photo : Slimene S.A. Les événements qui ont conduit au changement à la tête de l'Etat tunisien n'ont pas laissé indifférente la classe politique en Algérie. La proximité, l'appartenance au même espace géopolitique ont conduit les états-majors à suivre en direct le déroulement de la crise. Mouloud Chorfi, le porte-parole du RND, a ainsi affirmé que «nous suivions avec intérêt l'évolution de la situation évoquée dimanche lors de la réunion de notre bureau national». «Nous nous inclinons, a-t-il ajouté, à la mémoire des victimes et nous souhaitons que la Tunisie retrouve vite, par le recours à la démocratie, sa vitalité coutumière». M. Seddik Chiheb, un autre dirigeant du parti d'Ouyahia, s'est prononcé hier sur la situation sur les ondes de la chaîne 3. «Je souhaite, a-t-il déclaré, que ce peuple voisin et frère dépasse vite cette situation parce que c'est un peuple intelligent et sage». Il a surtout mis en garde contre «les chants de sirène de ceux qui appellent à la surenchère». Le modèle tunisien était diversement apprécié dans notre pays. Les partis islamistes n'ont jamais vu d'un bon œil l'orientation laïcisante du régime de Ben Ali. Il avait réprimé la mouvance et poussé à l'exil un homme comme Rachid Ghanouchi. Sur le statut de la femme, il n'avait jamais remis en cause les dispositions contraires à la charia comme l'interdiction de la polygamie. Pour M. Moussa Touati, «personne dans notre pays ne peut rester indifférent à ce qui se passe dans ce pays voisin même si la rapidité et l'accélération des événements nous ont tous surpris et pris de court». Le leader du FNA voit dans ces événements «la preuve que les sociétés dans le monde arabes sont capables d'apporter le changement vers la liberté et rejeter l'autoritarisme et l'injustice». Au MSP qui a publié un communiqué sur le sujet, il souligne «la densité des relations entre nos deux pays» et affirme «son soutien au combat légitime du peuple tunisien». Qualifiant les changements de «moment historique», le MSP a mis en évidence la nature pacifique de la protestation et rappelle que «la dignité n'est pas réductible à la prospérité économique ou sociale mais elle est avant tout la liberté, la démocratie et la participation du peuple à la construction de son pays». Pour le député Mokri qui devait être hier l'invité d'une émission en direct d'El Djazira, «ce bouleversement est un indice sur la fin des autoritarismes dans le monde arabe où aucun pouvoir ne peut s'imposer sans la légitimité populaire». On sent une certaine retenue dans les propos des partis qui, pour la plupart, attendent de voir évoluer la situation pour se prononcer. Comme nous le dit M. Djamel Benabdesslem, le SG du MRN, «ce n'est pas tant le changement de régime qui importe que les conséquences qui vont en découler». Contactés, hier, le FLN et le PT nous ont indiqué que les leaders des deux partis devraient s'exprimer sur la question avec les députés de sa formation pour le premier et lors d'un meeting à Oran pour Mme Hanoune.