Photo : S. Zoheir Par Amar Rafa Les émeutes qui ont secoué plusieurs villes du pays n'ont pas laissé indifférents les partis. Pour suivre les derniers développements, le Parti des travailleurs a mis son secrétariat politique en session ouverte et décidé de convoquer une session du bureau politique, aujourd'hui, au siège du parti. Réuni jeudi dernier, le secrétariat du bureau politique du parti de Louisa Hanoune, pour débattre de la propagation des émeutes de jeunes, dénonce «les propos du patron de Cevital qui, étant le détenteur du quasi-monopole sur le sucre et les corps gars, jette de l'huile sur le feu en annonçant d'autres augmentations», et ensuite dénonce vigoureusement la spéculation criminelle sur les prix qu'il qualifie de «véritable provocation sociale», avant de s'interroger «sur ses véritables desseins» politiques et de s'adresser au gouvernement pour qu'il prenne les mesures urgentes appropriées à même de désamorcer la situation. Pour le Parti des travailleurs, la preuve est établie que cette situation dangereuse, au-delà de la spéculation sur le marché mondial, est le produit direct de la fermeture des EPE du secteur de l'agroalimentaire, dans le cadre du PAS, du programme de privatisation et du désengagement de l'Etat du commerce intérieur et extérieur. Dans un communiqué urgent, le PT préconise une série de solutions susceptibles de stopper la spéculation, d'une part, et, d'autre part, «de barrer la route aux serviteurs zélés des multinationales qui déversent leurs produits dans notre pays à la faveur de l'accord d'association avec l'UE, des concessions consenties à l'OMC, dont les intérêts sont contrariés par les LFC 2009 et 2010 et par la demande du gouvernement de révision du calendrier du démantèlement tarifaire, devant les aventuriers de tous bords qui chevauchent la réaction de colère des citoyennes et des citoyens». Pour sa part, le secrétariat national du RCD, réuni en session extraordinaire, a indiqué dans un communiqué que dès les premières émeutes enregistrées, il a instruit ses instances régionales de mettre en place des cellules de veille. En rappelant n'avoir cessé d'«alerter sur la gravité de la crise sociale et politique qui s'éternise en Algérie, et que la dégradation continue du niveau de vie de l'écrasante majorité de nos concitoyens, notamment les jeunes et les femmes, a provoqué plus de 9 000 émeutes en Algérie pour la seule année 2010», le RCD estime que «ces manifestations décrites, à juste titre, comme la conséquence d'une inflation débridée, connaissent aussi des raisons plus profondes». Pour le parti de Saïd Sadi, «ce qui se passe dans la rue algérienne est la conséquence directe d'un autisme politique qui a faussé depuis toujours la volonté citoyenne par la fraude électorale, préalable au détournement de la richesse nationale au profit de castes d'autant plus voraces qu'elles se savent illégitimes. Phénomène aggravant, la fermeture de tout espace d'expression et d'organisation autonomes ne laisse que l'émeute et la rue comme moyen et place pour la contestation». Et d'affirmer que «quelle que soit l'issue des événements en cours, ils auront déjà contribué au renforcement de la résistance citoyenne et à la disqualification du système en place», avant de conclure en appelant à transformer le «rejet» en «projet» politique. El Islah, qui dira soutenir les revendications légitimes des citoyens contre la cherté de la vie et la dignité, estime que ces manifestations sont l'expression du refus de la politique sociale du gouvernement. Les dérapages enregistrés, qu'il dénonce par ailleurs, illustrent l'absence de canaux de dialogue et la poursuite de la fermeture médiatique, estime le mouvement El Islah, en appelant le gouvernement à prendre les mesures qui s'imposent pour le retour au calme, à travers des décisions visant l'arrêt des hausses vertigineuses des prix des produits de première nécessité et de sévir contre les barrons de la spéculation et de la corruption. Et d'appeler enfin les jeunes à s'éloigner des moyens de violence pour exprimer leurs revendications légitimes.