Photo : Slimene S. A. 50 années après sa création, à un moment où les acquis et les sacrifices commençaient à baliser les chemin de l'indépendance, l'état-major de l'ALN a été hier le thème d'une conférence-débat animée au forum d'El Moudjahid par Rabah Zerrari (dit commandant Azzedine), ancien membre de l'état-major de l'ALN, et l'historien Mohamed Abbas. Une opportunité pour faire connaître à la jeune assistance les circonstances étant à l'origine de la création un certain 31 janvier 1960 de la grande institution militaire. La naissance de l'état-major général de l'Armée a, certes, eu lieu dans la crise du GPRA, mais elle a réussi à organiser les katibate des wilayas historiques. «L'EMG (état-major général) les a même érigées en une armée qui a joué un rôle primordial dans la crise de l'été 1962», a souligné l'écrivain Mohamed Abbas. Dans une rétrospective des événements, le moudjahid Zerrari a rappelé que la création de l'EMG était aussi le résultat d'une décision du GPRA et faisait suite à la réunion des 10 colonels (au lieu de 13) en Tunisie. Avant l'institution de l'état-major, les moudjahiddine étaient en manque d'armement. Aucune arme ne leur parvenait de l'extérieur, même après la tenue du Congrès de la Soummam. Des milliers de jeunes Algériens se sont d'ailleurs mobilisés pour aller s'en procurer à l'Est et à l'Ouest du pays. Ils partaient par groupe de 100 à 150 munis de 3 à 4 fusils de chasse. Nombreux étaient les volontaires ne parvenant pas au bout de leur noble mission. Selon le conférencier, si l'état-major a mis de l'ordre dans la lutte armée en menant un travail extraordinaire au niveau des frontières et en instituant trois grandes zones militaires, le Congrès de la Soummam a, d'ailleurs, été une plate-forme et un organigramme militaire. «Nous étions dotés d'un exécutif et d'un législatif», a souligné le conférencier. La création de l'état-major insinuait le retour des wilayas aux méthodes adoptées au début de la lutte qui ont fait le succès de l'ALN. Il fallait d'ailleurs se procurer de l'armement. Il fallait aussi rompre avec l'idée de former les grandes unités, éviter les combats quand l'ennemi est fort. Une stratégie dictée par la difficulté de faire parvenir à l'intérieur l'armement. Avec la création de l'état- major, il fallait faire revenir au pays tous les officiers algériens en Tunisie. Selon les conférenciers, la création de l'EMG s'inscrivait dans le sillage des négociations pour l'indépendance du pays. Evoquant les divergences entre certaines wilayas, au temps de la lutte armée, le conférencier a souligné que la crise a été importée. Née à Tunis, elle a fini par éclater à Tripoli, confirmant les dissensions entre le politique, le militaire et le civil. A une question sur la non-reconnaissance de la zone autonome d'Alger par l'ONM, le conférencier a laissé entendre que la décision ne relevait pas de cette organisation mais le refus de reconnaissance est du aux conflits internes des chefs de wilaya.