L'histoire est une science bien assez complexe pour l'essentialiser dans un discours, aussi rassemblé soit-il. Et pourtant, il n'aurait pas fallu beaucoup aux responsables du Musée national du Bardo pour innover - et de quelle manière ! - une façon bien particulière d'apprendre l'histoire, la plus lointaine dans le temps qui plus est : la préhistoire algérienne. Avec subtilité, la chef du service de la préhistoire du Bardo, également conservatrice du patrimoine culturel, Faïza Riache, a conçu un jeu de cartes « Les 7 Familles de la Préhistoire » résumant la vie de l'« homme lointain », bien de chez nous, à travers les grandes périodes de son évolution. Tout y est ou presque. Chaque époque est représentée par une famille de six cartes où sont mentionnées et expliquées, avec pédagogie, les données pour chaque civilisation (l'homme, ses outils, la nature, les sites, les vestiges faunistiques et floristiques). Ainsi, pour la période couvrant le paléolithique inférieur, la « famille oldowayenne » nous plonge dans les premiers balbutiements humains constatés par les préhistoriens. Elle est caractérisée notamment par « une industrie lithique à galet aménagé, chopper et chopping tool », explique la notice. En Algérie, cette civilisation qui résiste aux vicissitudes du temps, est matérialisée par le site d'Aïn Hanech, dans la région d'El Eulma (wilaya de Sétif) datant de 1,8 million d'années, où sont constatées les plus vieilles manifestations de la présence humaine en Afrique du Nord. Apprendre de manière simple L'aventure va au-delà de l'ère paléolithique inférieure puisque, tour à tour, on a droit à d'autres familles évoquant les civilisations ultérieures, moustérienne et atérienne pour le Paléolithique moyen, ibéromaurusienne et capsienne pour l'Epipaléolithique. Elle se termine lors du néolithique où l'homme passe d'un mode de vie basé sur la chasse et la cueillette à celui de la pierre polie, de l'élevage et de la poterie. Pour joindre l'utile au très utile, une partie du jeu est consacrée à l'art préhistorique avec son lot de gravures et peintures rupestres faisant de l'Algérie l'un des plus grands et plus beaux musées à ciel ouvert dans le monde. « Quand j'ai commencé les ateliers pédagogiques en préhistoire au musée du Bardo en 2012, j'ai remarqué que la majorité des enfants n'ont pas une idée claire sur la période préhistorique en Algérie, et quand je leur posais des questions sur le sujet, notamment sur les sites archéologiques en Algérie, leurs réponses donnaient toujours sur la préhistoire en Europe. C'est pour cette raison que j'ai pensé créer un jeu basique sur la préhistoire », soutient l'initiatrice de visant à apprendre, de manière simple, toutes les civilisations préhistoriques et les plus importants sites préhistoriques de l'Algérie, notamment à travers les outils utilisés par les hommes anciens. Résultats des courses : le jeu des 7 familles de la Préhistoire a suscité l'engouement tant auprès des enfants, à qui il est en théorie destiné, que les adultes. Durant une année, le musée a vendu 3.000 boîtes. Les enfants d'In Salah et ceux de Berriane ont eu droit à des lots de 100 boîtes chacune.