Dans la ville de Zliten (170 km à l'est de Tripoli), un kamikaze avait fait détoner des explosifs à bord d'un camion-citerne à 8h30 contre le centre de formation de la police. Selon un témoin, il y avait dans le centre quelque 300 hommes dont une majorité de gardes-côtes. « Entre 50 et 55 personnes ont été tuées et au moins 100 autres ont été blessées dans le quartier bondé de Soug Al-Talata, dans le centre-ville de Zliten, ville contrôlée par la coalition des milices de Fajr Libya, liée aux autorités de Tripoli », a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Ammar Mohamed Ammar. Six autres personnes ont également péri dans un attentat suicide dans la ville pétrolière de Ras Lanouf. Commis dans la soirée, l'attaque a fait six morts, dont un bébé, et huit blessés à un point de contrôle à l'entrée de la ville, selon le Croissant-Rouge. Daech a profité du chaos pour s'implanter en Libye, où deux gouvernements rivaux se disputent le pouvoir. Daech avait mené, lundi dernier, des attaques visant les installations pétrolières, notamment à Ras Lanouf, entraînant des combats avec les gardes de ces sites. L'ONU appelle à l'unité La télévision libyenne a diffusé des images de centaines de personnes participant aux funérailles des victimes de Zliten dans le stade de la ville. Bravant le froid et les rafales de vent qui soulevaient des nuages de sable, les fidèles, toutes générations confondues, se sont vite organisés en rangs ordonnés, debout pour la « prière de l'absent ». A Tripoli, Mohamad Bachir Al-Naas, vice-ministre de la Défense, a dénoncé « un crime ignoble ». Dans l'Est, le gouvernement reconnu a lui aussi condamné « un acte terroriste lâche » et appelé à lever l'embargo de l'ONU sur les armes pour pouvoir lutter contre le « terrorisme ». Profitant de ce chaos, Daech a pris pied dans le pays où il a revendiqué plusieurs attentats sanglants dont un triple attentat suicide à Al-Qoba (est) en février 2015 qui avait fait 44 morts. Le groupe terroriste, qui combat les forces des deux autorités rivales, contrôle la ville de Syrte (450 km à l'est de Tripoli) et cherche à élargir son contrôle à d'autres régions. L'émissaire spécial de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a condamné l'attentat de Zliten et appelé « tous les Libyens à s'unir de manière urgente pour combattre le terrorisme ». Inquiétudes occidentales L'ONU s'efforce de mettre en place un gouvernement d'union et Kobler a souligné la nécessité pour le Parlement légitime d'approuver rapidement sa formation, prévenant que tout retard profiterait à Daech. Un accord prévoyant un tel gouvernement a été signé sous l'égide de l'ONU, le 17 décembre 2015, par des membres des deux Parlements rivaux, et doit être entériné avant le 17 janvier. Condamnant fermement les attentats, l'Union européenne, la France, l'Italie et les Etats-Unis ont encouragé les Libyens à s'unir face « au terrorisme » et à appliquer « d'urgence » l'accord sur le gouvernement national. La communauté internationale pousse les Libyens à former un seul gouvernement, qu'ils pourront soutenir face aux terroristes. Daech compte environ 3.000 combattants en Libye selon Paris. Les Occidentaux redoutent que le groupe s'enrichisse en prenant le contrôle des hydrocarbures, déstabilise l'Afrique sur le flanc sud et exporte des terroristes vers l'Europe.