Pyongyang, confronté à une levée de boucliers mondiale et la menace du durcissement des sanctions exprimée par le Conseil de sécurité de l'ONU, est convaincu de la portée dissuasive de la bombe H qui permet d'éviter une guerre nucléaire avec les Etats-Unis. « L'époque où les Etats-Unis pouvaient menacer (la Corée du Nord) avec des armes nucléaires est à jamais révolue », a estimé le journal du parti unique, Rodong Sinmun. Dans l'une de ses toutes premières déclarations, le président nord-coréen a aussi affirmé qu'il s'agissait d'« une mesure d'autodéfense pour défendre la paix de manière efficace dans la péninsule coréenne et la sécurité régionale face aux risques de guerre nucléaire provoqués par les impérialistes emmenés par les Etats-Unis ». La logique de la terreur revient sur la scène internationale qui renoue avec la loi du plus fort. Elle affecte la poudrière coréenne sur le pied de guerre. Au paroxysme des tensions régionales, Washington a musclé la riposte pour « répondre à une récente provocation de la Corée du Nord ». Le général Terrence J. O'Shaughnessy, commandant de la 7th Air Force et commandant adjoint des forces américaines en Corée du Sud, a réitéré la « volonté de fer » des Etats-Unis de défendre l'allié sud-coréen et de lui assurer « la dissuasion élargie apportée par nos forces conventionnelles et notre parapluie nucléaire ». Au-dessus de la Corée du Sud trône, depuis dimanche, le bombardier lourd B52 Stratofortress à long rayon d'action doté d'armes nucléaires. Après avoir survolé la base aérienne militaire d'Osan, à environ 70 kilomètres au sud de la frontière intercoréenne en compagnie d'un avion sud-coréen, le bombardier régulièrement utilisé dans les exercices annuels conjoints décriés par Pyongyang, est retourné vers la base aérienne Andersen sur l'île de Guam, dans l'océan Pacifique, selon l'armée américaine. Le message de puissance délivré par Washington s'appuie sur une armada militaire forte des 28.000 soldats américains stationnés en Corée du Sud. « Les forces aériennes américaines et sud-coréennes travaillent ensemble de manière rapprochée chaque jour et nous sommes totalement prêts à faire face à toute menace contre notre alliance », a souligné dans un communiqué le général Terrence J. O'Shaughnessy. La fin de la détente, conclue il y a 5 mois par les « frères ennemis », a vécu. Dès vendredi, la Corée du Sud a annoncé la reprise de la campagne de propagande à la frontière commune à travers la réactivation des hauts parleurs, en représailles au dernier essai nucléaire mené deux jours plus tôt. Des drones de reconnaissance sud-coréens déployés près de la zone démilitarisée pour contrer la présence, selon Séoul, des drones nord-coréens à la frontière, participent à l'embrasement redouté de la péninsule sous haute tension.