Deux jours après l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances, le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, s'est rendu, hier, à Téhéran. Il a eu des entretiens avec le président Hassan Rohani ainsi que le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi. Selon Behrouz Kamalvandi, le porte-parole de cette dernière, l'Iran veut réduire la durée de l'accord nucléaire stipulant que la seconde étape s'ouvrira dans huit ans. L'accord conclu en juillet 2015 prévoit en effet que si l'AIEA peut certifier plus tôt, par exemple dans cinq ans ou six ans, le caractère toujours pacifique des activités nucléaires iraniennes, la période de huit ans sera écourtée d'autant dans ce cas. Si cet objectif est atteint, d'autres sanctions américaines et européennes, notamment sur les biens à double usage ; les softwares ; le transport des biens et technologies couverts par la liste militaire européenne ; les armes, ou encore des sanctions individuelles pourront être levées plus rapidement. Vigilance et colère L'Agence avait donné, samedi dernier, son feu vert à l'entrée en vigueur de l'Accord soulignant que Téhéran avait tenu ses engagements en vue d'une levée des sanctions internationales. En dépit de ce constat, les Etats-Unis ont annoncé, le lendemain, de nouvelles sanctions contre le programme balistique iranien, ce qu'a dénoncé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari. Ces nouvelles sanctions « sont illégitimes car le programme balistique de l'Iran n'est pas conçu pour avoir la capacité de transporter des têtes nucléaires », a-t-il dit. Mais pour les Etats-Unis, il faut rester vigilant. L'Iran sera soumis à une inspection permanente et rigoureuse de l'AIEA pour l'empêcher de développer un programme nucléaire à des fins militaires, selon les détails du plan d'action global conjoint conclu entre Téhéran et les 5+1, rendus publics dimanche par la Maison-Blanche. En plus de la surveillance des installations nucléaires déclarées par l'Iran, les inspecteurs de l'Agence vont également s'assurer en permanence qu'aucune matière fissile comme l'Uranium et le plutonium ne soit transportée vers des lieux secrets. L'Iran a accepté, à cet effet, de mettre en œuvre un protocole additionnel à l'Accord qui permet aux inspecteurs de l'AIEA de visiter tout site jugé suspect suite à des rapports de renseignement ou à des achats inexpliqués. La Maison-Blanche a indiqué que la mise en œuvre de cet accord ne va pas seulement empêcher l'Iran de fabriquer sa propre bombe nucléaire mais aussi de retarder, le cas échéant, sa fabrication au cas où il renoncerait à ses engagements pris dans ce sens. Malgré cette prudence, le président américain a employé, dimanche dernier, les grands mots pour saluer les « progrès historiques ». Son homologue iranien, Hassan Rohani, s'est pour sa part félicité d'une « nouvelle page ». Avec ces déclarations, Washington est désormais loin de sa rhétorique des années 2000, lorsque l'ancien président américains, George W. Bush, avait placé Téhéran sur le fameux « Axe du mal ». Les dirigeants iraniens dénonçaient alors le « Grand Satan ».