Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a repris son bâton de pèlerin pour entamer une nouvelle visite au Golfe où il assistera à une réunion des ministres des Affaires étrangères des six pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Arrivé hier dans la capitale saoudienne, M Kerry, qui doit rencontrer le roi saoudien Salmane, le prince héritier Mohamed ben Salmane, le ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir et le coordinateur de la coalition de l'opposition syrienne, Riad Hijab, s'applique à lever toutes les équivoques nées de la conclusion de l'accord sur le nucléaire iranien perçue comme une volonté de rapprochement avec le puissant rival chiite. Le retour de Téhéran, conforté par la levée des sanctions internationales à la faveur de sa mise en œuvre, il y a une semaine, inquiète les alliés traditionnels des Etats-Unis multipliant les gestes d'assurance et le refus de toute réconciliation avec un Iran « déstabilisateur » dans la région. Les tensions se sont davantage exacerbées à la faveur de la crise irano-saoudienne, déclenchée par l'exécution du dignitaire chiite et dégénérant en rupture des relations diplomatiques. « Nous voulons discuter avec les ministres du CCG et avec les Saoudiens de l'importance de la colère saoudienne provoquée par les attaques contre leurs missions en Iran. Nous sommes complètement avec eux sur ces sujets, mais nous estimons aussi que réduire les tensions est un objectif important, non seulement pour les Etats-Unis, mais aussi pour la région », a expliqué un responsable du département d'Etat. Washington ne s'en cache. Un dégel irano-saoudien sera du plus bel effet pour la relance du processus de négociation en Syrie. D'abord, l'Iran et l'Arabie saoudite sont des partenaires incontournables tenus, selon les vœux de la Maison Blanche, de taire leurs divergences au profit d'un « modus vivendi » largement espéré, pour à la fois participer à la désescalade et, aussi, à la recherche consensuelle d'une sortie de crise en Syrie au menu de la prochaine rencontre de Genève prévue la semaine prochaine. Sous l'égide de l'ONU, le nouveau round de négociation entre les représentants du régime et des groupes de l'opposition « modérée » aborde sa vitesse de croisière, pour concrétiser les attentes de la période transitoire portant essentiellement sur la mise en place d'un gouvernement d'union nationale et l'organisation des élections générales dans un délai de 18 mois au plus tard.