Le redécollage du cinéma en Algérie nécessite la réunion de plusieurs conditions, dont la relance des petits métiers liés au 7è art », a estimé, samedi dernier, le critique de cinéma Ahmed Bedjaoui. « Il ne suffit pas simplement d'encourager la production cinématographique, mais surtout veiller à relancer toute la chaîne des petits métiers autour, à commencer par la formation, la mise en place de circuits de distribution et l'ouverture de salles répondant aux normes », a-t-il précisé. Il animait un débat après la projection de « Zerda ou les chants de l'oubli » d'Assia Djebbar. L'animateur de la défunte émission Télé-ciné-club a ajouté, au cours du débat qui a réuni de nombreux cinéphiles au centre culturel M'hamed-Yazid, que « même si la volonté politique pour la relance du cinéma existe », il faudra gérer « un lourd passif » caractérisé par de « mauvaises décisions » ayant contribué au « déclin » du cinéma. Il a aussi affirmé que la « monopolisation des salles de cinéma, leur nationalisation, puis leurs mise sous tutelle des communes, ajoutées à l'absence des laboratoires de production, ont ruiné le 7è art. » Affirmant que le cinéma est « un moment de partage d'émotions, M Bedjaoui a ajouté que sa relance passe également par « la réhabilitation de la relation public-cinéma ». Soulignant que chaque réouverture d'un ciné club est une « lumière qui s'allume », il a mis en exergue « l'apport que représente l'implication de la société dans les efforts déployés pour relancer le cinéma. » Abordant l'impact de l'image durant la guerre de Libération nationale, M. Bedjaoui a affirmé que « les architectes de la Révolution algérienne, conscients de l'importance de l'image, ont tout orchestré pour transmettre à l'opinion internationale ce qui se passait réellement en Algérie et ont pu battre en brèche les allégations françaises. » Organisée par l'Office sport, culture, loisirs et tourisme, la réouverture du Ciné-club a offert l'occasion de rendre hommage à Brahim Bourdjiba, « la mémoire audiovisuelle » d'El Khroub. Il a à son actif plusieurs courts-métrages retraçant des étapes de la vie dans cette commune. M. Abdeslam Benaliouche, artisan et collectionneur d'appareils de production cinématographique, a également été honoré. Le Ciné-club a pour objectif de « faire découvrir au public les grands classiques du cinéma, de réunir les cinéphiles et de débattre des films projetés », a indiqué la directrice de l'Oscult, Soraya Zbiri, avant d'annoncer qu'un film sera mensuellement projeté.