La violence ayant caractérisé les récentes protestations de jeunes en Algérie est le produit d'une conjoncture marquée par «la violence terroriste» et «l'exclusion sociale», relèvent des universitaires et chercheurs algériens interrogés par l'APS. L'universitaire et sociologue Nacer Djabi a précisé que la violence exprimée par les jeunes est expressive et n'est pas perçue comme un instrument pour le changement. Constatant que les récentes protestations avaient touché l'ensemble du territoire national, Nacer Djabi a plaidé pour «un changement pacifique» qui prend en charge les aspirations socioéconomiques des jeunes et leur «soif de s'exprimer librement». De son côté, l'universitaire Mohamed Tayebi, enseignant à l'Institut de sociologie d'Oran, a souligné toutefois qu'«il faut relativiser les analyses hâtives des spécialistes». C'est ainsi qu'il a reconnu que ses interprétations sur les récentes émeutes «ne peuvent dépasser le stade de l'hypothèse». Il a indiqué, à cet effet, que «cette violence pourrait être le fait d'une jeunesse qui frappe à la porte de l'histoire sociale, pour marquer sa présence et arracher une place dans la société». «Ces portes étant souvent fermées, ils recourent à la violence pour les forcer», a-t-il souligné. Pour le chercheur du Centre de recherche en économie appliquée et développement (CREAD), Mohamed Saib Musette, il ne faut pas partir avec l'idée que toute la jeunesse algérienne «est versée dans la violence». Pour lui, il y a une seule catégorie de jeunes qui s'est exprimée à travers ces émeutes violentes, expliquant que le recours à cette violence «est le seul moyen que maîtrise cette frange de la jeunesse algérienne». Quant au Dr Bahloul Mohamed, économiste et directeur de l'Institut de développement des ressources humaines (IDRH), il pense que la violence constatée dans les émeutes des jeunes en Algérie «est l'expression de l'échec d'un modèle économique de développement et au-delà dans le mode de gouvernance».