Au moins une « planète X » croiserait aux confins sombres et inconnus de notre système solaire. C'est ce que semble démontrer l'analyse des caractéristiques orbitales de 13 objets dits « transneptuniens », c'est-à-dire évoluant bien au-delà de Neptune et Pluton, à plus de 5 milliards de kilomètres de la Terre. La planète X, « Arlésienne » astronomique, est de retour ! Et l'annonce de la découverte par modèle mathématique d'une « neuvième planète » ne fera que renforcer la tendance... Née au milieu du XIXe siècle après la découverte de Neptune (1846), l'hypothèse d'un corps lointain sillonnant au-delà de cette planète – la plus lointaine connue de notre système solaire – avait conduit en 1930 à l'identification de Pluton. La découverte, en 1992, d'une multitude de corps encore plus lointains a réanimé l'idée qu'il puisse exister, dans ces régions inconnues, une planète géante qui influerait sur les trajectoires de ses voisines. Las ! En mars 2014, la Nasa balaie l'idée qu'une planète X puisse exister, annonçant qu'il n'y avait définitivement pas de géante gazeuse plus massive que Jupiter au-delà de Pluton. Pas de géantes, certes, mais peut-être des planètes plus massives que la Terre ! C'est ce qu'ont annoncé en janvier 2015 les chercheurs de l'Université Complutense de Madrid (Espagne) et de l'Université de Cambridge (Grande-Bretagne), dans deux articles publiés dans les « Monthly notices » de la Royal Astronomical Society britannique. Les chercheurs ont étudié 13 objets transneptuniens lointains, des corps froids qui évoluent sur des orbites elliptiques très éloignées du Soleil. Tous ces objets obéissent à deux règles : leur demi grand-axe est d'environ 150 unités astronomiques (UA, une unité astronomique équivaut à la distance Terre-Soleil, soit quelque 150 millions de kilomètres) et lorsqu'ils s'approchent au plus près du Soleil (le perihelion), leur orbite a une inclinaison proche de 0 ou 180 degrés par rapport au plan du système solaire. Or, 13 d'entre eux dérogent à la règle. Leur demi-grand axe va, en effet, de 150 à 525 UA, avec des inclinaisons moyennes d'environ 20 degrés. Une force invisible dévierait-elle leur trajectoire ? Selon les auteurs des articles, l'explication la plus probable mettrait en scène... au moins deux planètes inconnues au-delà de Neptune et Pluton ! Une planète X, et peut-être même une Y voire une Z... Problème : aucun modèle de formation planétaire actuel ne permet d'expliquer la présence de tels astres massifs sur des orbites circulaires au-delà de Neptune. Par chance, l'observation des autres systèmes planétaires ouvre de nouvelles perspectives. La découverte en novembre 2014, grâce au radiotélescope européen Alma, d'un disque de planètes en formation s'étendant sur plus de 100 UA autour de l'étoile HL Tauri rend possible l'existence de planètes très éloignées de leur étoile. Des nouveaux mondes plongés dans une nuit glaciale et permanente, à plus de 200 UA du Soleil. Là où aucun instrument ne pourra les débusquer avant longtemps. Si cette analyse repose sur un échantillon très restreint d'objets, les prochains mois devraient entraîner la publication de nouveaux résultats reposant sur un échantillon plus large. Si elle est confirmée, cette nouvelle hypothèse de planètes X bouleverserait les modèles de formation du système solaire.