L'opération de mise en conformité fiscale volontaire, lancée en août 2015, pour bancariser l'argent informel en Algérie, constitue une « bonne formule », a affirmé, hier, à Alger, un expert français en finances, Christian de Boissieu. Dans une conférence qu'il a animée sur « la déglobalisation et la restructuration financière », organisée par la Banque d'Algérie, ce professeur en finances à la Sorbonne (Paris) a estimé que « l'épargne informelle en Algérie peut se reformaliser » avec ce type d'opérations. « C'est une bonne formule, en attendant de voir ce qu'elle va donner comme résultats quantitatifs », a-t-il relevé en réponse à une question de la presse lors du débat qui a suivi cette conférence tenue en présence du gouverneur de la Banque centrale, Mohamed Laksaci, ainsi que de banquiers et de financiers. Selon lui, il est nécessaire de créer « une passerelle entre l'épargne formelle et l'épargne informelle » en Algérie, tout en considérant que le succès d'une telle opération dépendra étroitement de la confiance citoyens-administration fiscale. A une autre question sur l'impact du marché parallèle des devises sur l'économie du pays, cet expert a jugé que « tout écart significatif entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle nuit à l'image du pays ». « Le contrôle des changes doit être conjoncturel pour céder la place à la libéralisation (du taux de change) », a estimé ce spécialiste des questions monétaires et bancaires, et s'est dit « étonné de voir des euros, des dollars et, récemment, des yuans se vendre au square d'Alger ». Intervenant à son tour, Laksaci a relevé la divergence des politiques monétaires des principales banques centrales à travers le monde, qui s'annonce clairement en 2016 et qui fait peser davantage d'incertitudes sur la situation financière mondiale, et ce, notamment sur les pays émergents et en développement. Ainsi, a-t-il ajouté, les conditions financières de ces deux catégories de pays devraient se resserrer davantage cette année dans un contexte de faiblesse des prix des matières premières et de volatilité des taux de change, compliquant davantage leurs programmes d'ajustement notamment pour les exportateurs de pétrole.