Pour Laksaci, il s'agit d'une «forte contraction» des réserves officielles de change, due principalement à «l'impact du choc externe sur la balance des paiements extérieurs de l'Algérie depuis le quatrième trimestre 2014». Comparativement à leur niveau à fin mars dernier, estimé à 159,918 milliards de dollars, les réserves ont baissé de 911 millions de dollars en l'espace de trois mois. Toutefois, malgré cette forte baisse enregistrée sur une année, pour le patron de la BA le niveau des réserves de change «reste adéquat pour faire face au choc externe en situation de très faible dette extérieure, située à 3,353 milliards de dollars à fin juin 2015». Evoquant la question de la chute de la valeur de la monnaie nationale, le premier responsable de la banque centrale a reconnu que le dinar a enregistré une dépréciation de 22% par rapport au dollar américain au premier semestre de 2015, comparativement à la même période de 2014. Cette dépréciation n'a pas concerné toutefois le taux de change du dinar par rapport à la monnaie européenne. Selon les chiffres avancés par Laksaci, le dinar s'est apprécié de 0,6% par rapport à l'euro à la même période. Tout comme les réserves de change, le dinar a subi de plein fouet «l'impact du choc externe de grande ampleur sur les fondamentaux». Un impact ayant induit, selon les explications du gouverneur de la BA, cette dépréciation de 22% du cours moyen du dinar par rapport dollar américain. Cependant, aux yeux du patron de la banque centrale, le taux de change effectif réel du dinar algérien à juin 2015 reste apprécié par rapport à son niveau d'équilibre de moyen terme en situation d'élargissement du différentiel d'inflation et de tensions sur les marchés des changes. Des tensions qui «impactent significativement les cours de change des pays émergents et en développement», selon Laksaci. Par ailleurs, il convient de noter qu'une série de mesures a été prise par la BA en vue d'atténuer le choc externe sur l'économie nationale et les équilibres monétaires. Selon un document de la BA, le commerce extérieur a fait l'objet d'un certain nombre de mesures, dont l'instauration des licences d'importation appuyée par «le renforcement (par la banque centrale) des exigences en matière de détermination de la surface financière de l'importateur pour les besoins de domiciliation bancaire». Parallèlement, la BA a «réduit à deux reprises le ratio prudentiel des fonds propres des banques par rapport à leur engagement au titre du commerce extérieur, et a intensifié les contrôles des opérations de commerce extérieur directement au niveau des agences bancaires». Pour les banques, la BA a prévu d'évaluer leur «degré de résistance à la contraction des ressources inhérentes au choc externe». Cette action se fera à travers des exercices stress tests qui seront effectués en novembre et décembre prochains. Sur ce point, la BA a relevé que «face au risque d'emballement du cycle financier, il devient particulièrement important de développer les instruments de surveillance macro prudentielle». En outre, la BA a décidé de reprendre, à partir d'octobre prochain, le refinancement des banques ce qui lui permettra d'injecter des liquidités dans l'économie nationale. La banque centrale s'attend à ce que «les banques aient dans leur portefeuille des effets de qualité éligibles au refinancement notamment des effets privés éligibles au réescompte». Elle précise que «les liquidités qui en résulteront ne devraient pas constituer une source additionnelle d'érosion des réserves de changes». Enfin, la Banque d'Algérie a conforté les propos du ministre des Finances sur la bancarisation de l'informel. Il est noté dans le document que dans le contexte de choc externe, la contribution potentielle de segment monnaie fiduciaire à l'épargne financière à terme est potentiellement importante et doit constituer le socle du nouveau schéma de financement bancaire de la croissance, en situation de reprise de refinancement des banques par la Banque d'Algérie. S. B. Crédit à la consommation La nouvelle centrale des risques opérationnelle pour la mi-septembre L'entrée en service de la nouvelle centrale des risques de la Banque d'Algérie est prévue pour la mi-septembre 2015, a annoncé hier le gouverneur de la Banque centrale algérienne, Mohamed Laksaci. La mise en service de cette centrale permettra ainsi de contribuer à la relance du crédit à la consommation, dont le retour a été décidé par la Tripartie de février 2014 (Gouvernement-Ugta-patronat) après avoir été suspendu en 2009. La nouvelle centrale des risques, qui constituera «un important outil d'aide à la gestion des risques de crédits» par les banques de la place, contribuera aussi «à la reprise effective du crédit à la consommation», a précisé M. Laksaci. Le crédit à la consommation aux ménages, dont les conditions et les modalités ont été fixées en vertu d'un décret exécutif publié au Journal Officiel en mai dernier, concerne les biens fabriqués par des entreprises exerçant une activité de production ou de service sur le territoire national et qui produisent ou assemblent des biens destinés à la vente aux particuliers. Ces entreprises doivent être, précise le texte, en règle avec les impôts et les organismes de sécurité sociale, doivent être bancarisées et vendre avec factures. Le taux d'intégration des biens qui pourront être acquis grâce à un crédit à la consommation doit être fixé par arrêté ministériel.