Le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA) a appelé mardi à Alger les banques commerciales exerçant en Algérie à accompagner le pays dans sa démarche vers une croissance hors hydrocarbures durable qu'il estime réalisable à deux chiffres. « Une croissance hors hydrocarbures à deux chiffres est possible en Algérie et sans recours aux financements extérieurs. Il faut puiser dans l'épargne nationale mais il faut aussi que les banques commerciales jouent efficacement leur rôle en tant qu'intermédiaires financières », a-t-il préconisé lors de sa réponse aux questions des députés concernant le rapport sur les indicateurs monétaires et financiers de 2011. Les banques activant en Algérie devraient ainsi « s'impliquer dans le financement de l'investissement et du logement surtout que l'épargne des ménages est très élevée », a-t-il recommandé. Il a annoncé que la BA venait de lancer une étude pour définir le taux de croissance hors hydrocarbures potentiel en Algérie. Le gouverneur na pas manqué de rappeler que « l'Etat algérien a été le premier agent économique à donner l'exemple en matière d'absorption de l'épargne à travers l'investissement et le paiement anticipé de la dette extérieure ». Cette démarche a "fortement contribué à la stabilité macro-économique du pays et a permis une croissance hors hydrocarbures à plus de 9%" en 2010, s'est-il réjoui. Sur la gestion des réserves de change, évoquée lors des débats, M. Laksaci a expliqué que la diversification des natures de placements de ces réserves, suggérée par certains députés, « est possible à long terme mais pas dans la conjoncture financière internationale actuelle ». Le non recours par l'Algérie aux placements commerciaux à l'international, pourtant très rentables, est « justifié par le souci de réduire les risques sur ses réserves », a-t-il argué. Environ 64% des placements des réserves de change de l'Algérie, actuellement à plus de 190 milliards de dollars, sont investis en bons souverains, 14,9% en bons gouvernementaux et 8% dans une institution financière internationale, a-t-il détaillé. Evoquant le système de flottement dirigé du taux de change du dinar, critiqué par certains députés, il a souligné que l'équilibre du taux de change effectif réel du dinar était un élément fondamental de la programmation financière et monétaire chapotée par la BA et un facteur de confiance pour les investisseurs étranger, car il leur facilite l'analyse des prix. En outre, la crise internationale a montré que l'intervention des banques centrales au niveau du marché interbancaire de change était nécessaire, a-t-il ajouté. Quant à la question du marché parallèle des devises, soulevée avec récurrence par les membres de l'APN, M. Laksaci a insisté sur l'aspect illégal et frauduleux du marché parallèle des changes en annonçant des incitations futures au profit des bureaux de change exerçant en Algérie. Condamnant les « transactions illicites qui se font au niveau du marché parallèle des devises et qui encouragent la fuite des capitaux et l'évasion fiscale », M. Laksaci a annoncé des « mesures incitatives » au profit des bureaux de change et aux ménages pour les inciter à recourir au marché légal des devises. Les ménages profiteront, à titre d'exemple, d'incitations relatives à la convertibilité courante du dinar », donc au droit de change, a-t-il dit sans donner plus de détails.