Décrivez-nous l'ambiance de travail dans votre théâtre... Nous avons fait une vraie transition avec la nouvelle génération, les acteurs expérimentés et metteurs en scène. Après les précédentes expériences, je peux affirmer que nous réalisons un bilan très positif, notamment sur le marché du spectacle vivant. Pas mal de jeunes comédiens metteurs en scène sont sollicités partout pour le théâtre et le cinéma. Nous sommes, actuellement, en train de mener une seconde expérience avec les non-voyants. Nous avons déjà monté un spectacle avec les non-voyants, avec notre ami, le conteur Sadek El Kebir, « Al warka saghira », c'était en 2012. C'est la même ossature mais nous avons intégré deux autres non-voyants. La générale est prévue pour le 21 avril prochain à Constantine, dans le cadre de la manifestation « Constantine, capitale de la culture arabe 2015 ». On travaille aussi sur « Œdipe roi », de Tewfik Al Hakim, qui sera mise en scène par Sadek El Kebir. Une fois terminée, elle fera une tournée nationale. Pourquoi faire ce spectacle avec des non- voyants ? Nous considérons que le théâtre relève du service public. Pour moi, il est insuffisant de célébrer la Journée des personnes handicapées. L'idéal est de permettre à cette catégorie de s'insérer et intégrer facilement la société, en faisant régulièrement appel à ses aptitudes. Nous avons collaboré ensemble, on a constaté, au bout de 15 jours de répétitions, qu'ils n'avaient plus besoin d'accompagnateurs. On a monté ce spectacle dans le noir total. Même le spectateur rentrait dans le noir, on a essayé de mettre le spectateur dans les mêmes conditions que les non-voyants. On a participé au Festival international du théâtre à Bejaïa et donné une quinzaine de représentations un peu partout. Peut-on connaître le programme de cette année ? Outre le spectacle pour les non-voyants, nous comptons mener un autre projet, dans le cadre d'une convention signée entre le ministère de la Justice et celui de la Culture. Mme Fadila Assous va assurer l'encadrement d'un stage au profit des détenus mineurs. Ce travail, qui sera réparti sur deux séances par semaine, sera entamé en février prochain. Nous envisageons de généraliser cette opération pour les détenus adultes. Quelle est votre vision sur les nouvelles restrictions budgétaires qui toucheront le monde de la culture ? C'est navrant de voir sacrifier la culture qui est très importante dans la vie du citoyen. Quelle place accordez-vous au théâtre pour enfants ? Nous accordons un grand intérêt. Nous préparons, pour le mois d'octobre prochain, un spectacle. Nous avons trois textes pour le moment qu'on n'a pas encore sélectionnés. On tente de contribuer au développement du spectacle vivant en Algérie, particulièrement avec les expériences acquises au Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès, en offrant l'opportunité aux créateurs de s'exprimer, notamment la jeune génération qui a un regard sur la société d'aujourd'hui. Y a-t-il une affluence des jeunes comédiens au TRSBA ? Nous avons un potentiel extraordinaire. La ville de Sidi Bel-Abbès est réputée pour son théâtre dont le directeur était Kateb Yacine. Nous avons une tradition. Il existe énormément de troupes et associations amateurs qui activent. On aimerait bien satisfaire tout le demande mais on ne peut pas car on n'a pas assez de moyens. Le TRSBA compte quatorze comédiens, sans compter les contractuels.