Après une formation au cours de laquelle, Amar Marouf côtoya les plus grands maîtres du 4e art de l'époque en la matière à l'instar de Mustapha Kateb, Hassan Hassaïn, Azzedine Madjoubi et d'autres, il prendra à son tour le relais dans la formation avant d'être versé dans le 7e art. Les services d'Amar Marouf étaient, pendant des années, sollicités partout dans le pays et même à l'étranger, permettant ainsi une maturation certaine. Sa volonté de transmettre son savoir-faire aux jeunes générations reste intacte autant que sa conviction de la nécessité de perpétuer une discipline artistique si représentative du talent créatif algérien. Au cours d'une rencontre au café Tontonville, contigu au TNA (Théâtre National Algérien) au square Port Saïd, Amar Marouf, nous entretient de sa passion, de son métier et de ses ambitions. Confidences. Comment définiriez-vous le travail d'un acteur de nos jours? Quelle est selon vous, la différence entre l'ancienne et la nouvelle génération? Le travail d'un acteur est très complexe et simple à la fois. Il faudrait, avant tout exercer ce métier par vocation. Autrefois, nos aînés avaient l'âme artistique, c'est-à-dire, qu'ils accomplissaient avec passion leur métier. En plus, ils avaient le respect de l'autre. Aujourd'hui, les choses ont bel et bien changé. Vu les conditions de notre vie, certains acteurs en font une activité lucrative. Concernant votre passion pour le théâtre et le cinéma, quel a été l'élément déclencheur ? A vrai dire, c'est une longue histoire. J'ai depuis ma tendre enfance eu un penchant pour l'art. J'étais très attiré par le cinéma muet et particulièrement des prestations du célèbre Charlie Chaplin. En plus, mon entourage avait la culture de l'art. Il convient de signaler qu'avant, les gens s'intéressaient à la culture. La preuve, nous étions à l'affût des programmations culturelles organisées dans l'Algérois. Quel a été le rôle que vous avez aimé le plus ? Le rôle qui m'a marqué est incontestablement celui où je campe le personnage de «Rabah» dans «El Bouaboune». J'interprète le rôle d'un jeune délinquant. Aussi, ai-je été séduit par le rôle de Moussa dans le feuilleton «El Massir» du regretté Djamel Fezzaz. J'estime, par ailleurs que chaque rôle constitue une expérience très riche. Une occasion de rencontres, de dialogues et d'échanges pour favoriser la connaissance avec de nouveaux talents, encourager les jeunes artistes à réaliser leurs ambitions créatives et artistiques, inciter et promouvoir les échanges entre eux. J'essaye en tant qu'homme de théâtre et à travers mes œuvres de transmettre mes idéaux, mon point de vue et mes analyses. Aujourd'hui, ma préoccupation majeure est de réussir à intéresser et fidéliser le public. On dit que vous n'aimez pas la célébrité. Pourquoi? C'est vrai. Mes aînés étaient épris de la modestie. Je suis à mon tour modeste. J'ai vécu des moments extraordinaires. J'ai découvert différents publics, réactions, enfin de diverses rencontres qui nous marquent pour la vie. Avez-vous eu à un moment de votre carrière ressenti de la lassitude au cours d'un tournage ? C'est difficile de répondre à cette question, de crainte de froisser certaines sensibilités. J'aurais préféré continuer de jouer dans l'œuvre de Rouiched «El Bouaboune» . Seulement, le réalisateur Hadj Rahim a fait appel à mes services pour adapter cette pièce à la télévision. J'admets que j'étais très mal à l'aise. A votre avis, comment se portent le cinéma et le théâtre en Algérie ? D'emblée, très mal. Les créations cinématographiques et théâtrales se portent mal en ce moment dans notre pays. Ces créations sont carrément en décadence. La preuve en est l'absence de créativités de notre télévision à l'approche du mois de Ramadhan. Les années précédentes, les responsables de la télévision annonçaient longtemps avant l'avènement de ce mois sacré, la grille de nouvelles productions. Pour 2010, il n'en fut rien. Bien pire, les acteurs et comédiens ne s'arrêtent pas de se plaindre du manque flagrant des projets dans la création télévisée et cinématographique. Je reste cependant optimiste. Une volonté politique favorise la promotion du cinéma et du théâtre. Faites-vous tout seul la promotion de votre carrière professionnelle ? Je ne dispose pas d'un attaché de presse, ni d'un manager. C'est moi qui gère ma carrière. J'accepte volontiers les propositions de travail que l'on me soumet. A cette seule condition, un travail de qualité. Quelle est la particularité d'un acteur tel que vous ? Cela me met un peu mal à l'aise de répondre à cette question. On dit souvent que j'ai une grande capacité d'apprendre tous les textes que l'on me soumet. Sans oublier, le facteur de l'improvisation, car c'est très important qu'un acteur sache improviser. Je m'assigne et je veille à partager mes connaissances afin d'assurer une bonne relève. Quelles sont, selon vous les perspectives en Algérie pour un jeune comédien ? Il est vrai que le ministère de la Culture veille au grain pour satisfaire les revendications des artistes. Seulement, j'estime que cela demeure insatisfaisant. L'idéal serait qu'il y ait une meilleure structuration, je fais allusion au statut de l'artiste. Des projets en perspective ? Je participe dans le film «Les couleurs de la gloire», du réalisateur Omar Chouchane. Je prends part aussi à l'œuvre théâtrale « El Falta ». Quels sont les espoirs que vous formulez pour l'avenir ? Mon premier espoir, c'est d'abord ma guérison. Je formule une prière à Dieu pour qu'il me l'accorde. Ensuite, mon autre espoir, c'est la poursuite du perfectionnement dans l'art.