La tournée de l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, dans la région ne manque pas de pertinence. Face à la politique d'obstruction du Maroc, dont Ross et même le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, déclarés persona non grata, ont fait les frais, le retour de Christopher Ross sonne comme un cinglant désaveu annonciateur d'un isolement de plus en plus marquant de l'occupant lâché par ailleurs par l'Europe décrétant l'annulation de l'accord agricole et cloué au pilori par l'Union africaine dénonçant le pillage des ressources des territoires du Sahara occidental. A moins de deux semaines de l'examen du dossier du Sahara occidental, la visite d'une importante délégation américaine, conduite par l'ambassadrice Joan Polaschik, a été l'occasion pour réaffirmer le soutien ferme des Etats-Unis au « processus de négociations mené par l'ONU, qui vise à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Du camp des réfugiés Hafid El Hafed, en passant par Nouakchott et Alger en tant que pays observateurs, l'arrivée de l'émissaire onusien participe essentiellement au rétablissement et au respect de la légalité internationale fondamentalement violée par le déni colonial. La défiance du Maroc, fermant les portes aux représentants légitimes de la communauté internationale, en est l'illustration la plus parfaite et une dérive suicidaire. « La rencontre a essentiellement porté sur la visite attendue du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon dans la région », a relevé l'agence sahraouie SPS citant le chef de la délégation sahraouie aux négociations, membre du secrétariat national, Khatri Addouh. Plus qu'une victoire politico-diplomatique, le déplacement de Ban Ki-moon, annoncé pour le mois de mars prochain, s'interprète comme « une opportunité » pour établir un dialogue direct et une perception claire de la question sahraouie. Enlisée dans une impasse porteuse de menace à la paix et à la stabilité régionale, la question sahraouie interpelle grandement l'ONU confrontée à la fois à sa mission de décolonisation inachevée et au reniement des engagements internationaux dûment contractés par le Maroc. « Il est temps que l'ONU assume ses responsabilités et que la communauté internationale fasse pression sur ceux qui entravent les efforts de la communauté internationale et font obstacle à la visite de l'envoyé spécial de l'ONU dans les territoires occupés et à la Minurso, en l'empêchant d'accomplir ses missions et d'élargir ses prérogatives à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental », a martelé Addouh, le chef de la délégation sahraouie aux négociations.