Le Gabon ne semble pas être en mesure de rompre avec ses traditionnels dirigeants. La décision du président gabonais, Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 2009, de se porter candidat pour briguer un autre mandat à la présidentielle, prévue au second semestre 2016, n'est pas pour arranger les choses et pouvoir relever les défis. Cette annonce n'a pas manqué de susciter la réaction de jeunes qui ont, sitôt après l'annonce, exprimé leur désaveu au président actuel. Une réponse qui conforte l'opposition qui se dit convaincue qu'Ali Bongo « est une tragédie pour le Gabon ». En témoignent, selon elle, la grogne de la population, la contestation au niveau des administrations et même au sein de la sphère politique. Pour un responsable politique de l'opposition, Mike Jocktane, candidat et membre de l'Union nationale (UN), « l'effervescence du front social n' est que le résultat de l' échec d'Ali Bongo et le prélude à un long et rude combat politique ». Mais toutes ces critiques n'ont nullement affecté la détermination de l'actuel président d'aller contre la volonté de ses opposants. Au contraire, il avait pris les devants en annonçant, dès le 29 février, sa candidature à un deuxième mandat. Décision entérinée, dans un climat relativement tendu, par les instances dirigeantes du Parti démocratique gabonais (PDG), formation politique du président Bongo, secouée par de nombreuses crises, particulièrement la scission intervenue la semaine dernière. « Je prends acte avec humilité et gravité de la confiance que vous venez de me témoigner par ce vote franc, massif et enthousiaste pour représenter le Parti démocratique gabonais à l'élection présidentielle », a déclaré le chef de l'Etat devant plusieurs milliers de militants. « Changeons ensemble » est le slogan retenu pour sa campagne électorale. Mais comment procéder au changement et que faut-il changer dans un pays de 1,8 million d'habitants où tous les indicateurs de développement et de performances sont au rouge ? La chute du prix du baril de pétrole a aggravé la situation sur le plan socio-économique. Unanimes, les économistes gabonais estiment qu'en l'absence d'une vision réelle de développement, l'impact défavorable de cette baisse contraindra le pays à recourir à l'endettement. La dette augmentera, de l'avis des experts, de plus de 40% au cours des années à venir, mettant le pays dans une situation des plus complexes, d'autant que le Gabon s'est endetté plus qu'il ne le devait.