Organisée dans la capitale sud-coréenne Séoul, du 9 au 15 mars, la partie de Go ayant opposé le champion du monde Lee Se-Dol au système d'intelligence artificielle de Google Alphago, s'est finalement soldée par une victoire de la machine de Google au bout de trois heures et demie de savants et complexes calculs. Un des plus anciens jeux de combinaisons stratégiques, Go, est un jeu de plateau chinois qui « oppose deux adversaires qui placent à tour de rôle des pierres, respectivement noires et blanches, sur les intersections d'un tablier quadrillé appelé Goban », explique le site de l'encyclopédie en ligne Wikipédia ajoutant que son « but est de contrôler le plan de jeu en y construisant des territoires ». Les pierres encerclées deviennent des « prisonniers », le gagnant étant le joueur ayant totalisé le plus de territoires et de prisonniers. Pratiqué depuis les plus anciens temps, le jeu continue de connaître un succès populaire, notamment dans les grands pays asiatiques, tels la Chine, le Japon et la Corée. Son succès tient autant à la simplicité de ses règles qu'à sa grande richesse combinatoire et sa profondeur stratégique. Pour le site du journal lesechos.fr, Go, « inventé en Chine il y a plus de 2500 ans, est pratiqué par 40 millions de personnes dans le monde. Il est réputé pour sa complexité, bien supérieure à celle des échecs ». Organisée en cinq parties, la confrontation entre le champion du monde et le super ordinateur de Google a vu la machine l‘emporter dès la première manche au bout de trois et heures et demie de jeu. « Certes, AlphaGo avait déjà battu, en octobre 2015, par 5 parties à zéro le meilleur joueur européen, Fan Hui, mais le niveau de compétition en Asie de ce jeu de plateau est incomparablement supérieur », fait remarquer le site du quotidien économique français lechos.fr qui note également que « pour beaucoup d'observateurs, cette victoire dès la première manche a constitué une surprise. » Juste après cette défaite, le champion du monde s'est déclaré, selon lesechos.fr, « surpris parce que je ne pensais pas que je pouvais perdre cette partie. Je n'imaginais pas qu'Alphago pourrait jouer cette partie de manière aussi parfaite. » Le père du programme de Google, Demis Hassabis, était également présent sur les lieux de la compétition. D'origine chypriote-grecque, né le 27 juillet 1976 à Londres, il est présenté par Wikipédia comme « neuroscientifique, développeur et concepteur de jeux vidéo. Il est reconnu pour ses talents de programmation d'intelligence artificielle mais aussi en tant que joueur. » A l'issue de la victoire de son programme d'intelligence artificielle contre le champion du monde, il n'a pas caché son émotion en déclarant, repris par leschos.fr : « Nous sommes très excités par ce moment historique, et très fiers de cette victoire. Je tiens à rendre hommage à Lee Se-Dol pour cette magnifique partie ». Sa joie peut en effet s'expliquer dans la mesure où il connaît la valeur de ce jeu et du compétiteur qui a été battu par son système : « Le jeu de Go est d'une élégance rare : les mouvements sont très simples, mais le jeu est d'une incroyable complexité. Il y a 10 puissances, 170 positions possibles, soit davantage que le nombre d'atomes dans l'univers », affirme-t-il sur le site lesechos.fr La partie a été suivie par une foule de journalistes et d'observateurs venus notamment de pays d'Asie où se pratique couramment le jeu ; le responsable du site Americaon Go, également de la partie en qualité de commentateur officiel, reconnaissait que « voir un ordinateur jouer à ce niveau est quelque chose d'absolument incroyable », d'après le site du journal français. Tout en remettant sur le devant de la scène médiatique les thèses de la singularité technologique, cette actualité a été l'occasion de raviver le débat sur les progrès de l'intelligence artificielle et de rallumer les oppositions de prophètes et d'arguments entre les tenants les « techno-optimistes », favorables à l'intelligence artificielle et ses bienfaits pour l'humanité, et ceux, craignant, pour l'avenir d'homme, en appellent à une vision critique de ce progrès qui pourrait, à leurs yeux, assujettir l'homme à la machine. Un débat pour ainsi dire qui remonte à plusieurs décennies, mais qui connaît une évolution toute particulière à l'approche de cette singularité technologique « La singularité technologique (ou simplement la singularité) est un concept, selon lequel, à partir d'un point hypothétique de son évolution technologique, la civilisation humaine pourrait connaître une croissance technologique d'un ordre supérieur », selon l'encyclopédie Wikipédia, qui voit également que « pour beaucoup, il serait question d'intelligence artificielle, quelle que soit la méthode pour la créer. » L'encyclopédie fait également une synthèse des principales préoccupations soulevées par ce point culminant de l'évolution de la technologie en avançant l'hypothèse que cette « singularité induirait des changements tels sur la société humaine que l'individu humain d'avant la singularité ne pourrait ni les appréhender ni les prédire de manière fiable. Le risque en serait la perte de pouvoir humain, politique, sur son destin ». Dans un papier de fond consacré à la question, mis en ligne le 9 mars dernier sous le titre « L'intelligence artificielle, menace ou avancée ? », le site d'information français www.huffingtonpost.fr revient sur la problématique de l'impact de l'intelligence artificielle sur le devenir de l'être humain. Diffusé quelques heures avant le déroulement de la partie entre le champion du monde et la machine de Google, l'auteur de l'article a certes fait un faux pronostic : « Les pronostics semblent partagés, mais s'il fallait parier, je parierais pour ce match sur une victoire du champion du monde », écrit-il, ajoutant que là n'est pas la question, amis plutôt « vu les progrès de l'intelligence artificielle, la question n'est plus de savoir si un programme vaincra le champion du monde de Go, mais quand cela arrivera. Et cela arrivera à très court terme. » Cette victoire est certes passée presque inaperçue pour le grand public mais elle n'en marque pas moins un tournant important dans cette « dualité » entre la machine et l'homme. Il y a déjà effectivement eu des confrontations entre les deux dont beaucoup se sont soldées par la victoire de la machine. Pour le journaliste du site huffingtonpost.fr, « les premières victoires régulières de programmes contre des grands maîtres ont eu lieu à partir de 1989, et la victoire contre le champion du monde, Garry Kasparov, a eu lieu en 1997 », mais la victoire d'Alphago contre le champion du monde de Go est à ses yeux d'une autre dimension. « Après les échecs, lorsque le champion du monde de Go tombera, ce seront les deux jeux d'esprit les plus emblématiques qui attesteront de la supériorité de l'intelligence artificielle sur l'être humain », affirme-t-il, en se posant la question : « faut-il s'en inquiéter ? ». Dans sa réponse, il y a d'abord la référence à un constat selon lequel, même si la plupart de gens ne s'en aperçoivent pas, « avec le développement des ordinateurs et d'Internet, l'intelligence artificielle est déjà partout : quand Google vous renvoie les pages correspondant à votre requête, quand un site marchand vous recommande des produits correspondant à votre profil, quand Siri répond à une de vos questions, quand votre logiciel de photo met un nom sur les visages d'une photo, etc », explique-t-il, avant de faire référence aux auteurs qui se sont mis depuis très longtemps à « s'alarmer de la possible création d'une intelligence artificielle capable de devenir une menace pour l'espèce humaine ». Et le journaliste d'évoquer les plus importants, notamment « Stephen Hawking (le célèbre physicien), Elon Musk (fondateur de Paypal et Tesla), et Bill Gates (fondateur de Microsoft) », avant d'aller dans le fond du débat pour savoir si vraiment les évolutions de l'intelligence artificielle peuvent effectivement constituer une menace pour l'homme. Ils sont en effet nombreux ceux parmi les scientifiques qui « redoutent une échéance fatidique où l'intelligence artificielle prendra le pas sur l'intelligence humaine », fait remarquer de son côté le site www.frenchweb.fr, rappelant que le « célèbre astrophysicien Stephen Hawking n'hésitait pas en 2014 à prophétiser que lorsque l'intelligence artificielle dépassera l'intelligence humaine, ce sera la dernière invention humaine, celle-ci ayant ensuite pris entièrement le pas sur l'espèce humaine ! », Ce site précise que ce mathématicien et astrophysicien britannique « reprend à son compte, en version pessimiste, une citation de Irwin John Good datant de 1965 publiée dans Speculations Concerning the First Ultraintelligent Machine selon laquelle la machine ultra-intelligente sera la dernière invention que l'homme aura besoin de créer. D'après l'article du site d'information français huffingtonpost.fr, la recherche sur le développement de l'intelligence artificielle est traversée par deux courants de pensée : « l'imitation du comportement humain d'un côté, en simulant par exemple le fonctionnement du cerveau humain via des réseaux de neurones artificiels, et la mécanisation du raisonnement de l'autre, ce qui inscrit alors la discipline dans une longue tradition philosophique d'utilisation des mathématiques et de la logique comme outils permettant la formalisation de tout raisonnement. » Parmi les sceptiques, de nombreux titres de la presse spécialisée évoquent également Bill Gates, le fondateur de Microsoft, et Elon Musk, un Américain d'origine sud-africaine qui a dirigé de nombreuses sociétés de haute technologie, et a notamment été cofondateur du service de paiement en ligne Paypal, qui « sont allés de concert en 2015 pour demander une pause technologique et une réflexion sur les limites à ne pas dépasser avec l'intelligence artificielle comme avec la robotique », nous apprend le site www.frenchweb.fr, révélant, à l'occasion l'existences « d'instituts de recherche qui planchent sur cette question : Center for the Study of Existential Risk de Cambridge et Future of Humanity Institute d'Oxford. En face, d'autres estiment plutôt bénéfique l'intelligence artificielle dont les retombées peuvent aider au développement de la condition humaine. Après avoir exploré les différentes hypothèses en cours sur le sujet, le journaliste du site d'information français huffingtnpostt.fr est d'avis qu'au lieu « de s'inquiéter à ce sujet, il vaut mieux considérer les bénéfices considérables à attendre de ces avancées de l'intelligence artificielle dans les années à venir, pour concevoir des outils permettant d'automatiser un certain nombre de tâches répétitives bien spécifiques, ou permettant d'aider les êtres humains, que ce soit pour améliorer les diagnostics médicaux, pour permettre l'aide au maintien de personnes âgées au domicile, etc ». De son côté, le journaliste spécialisé du site du quotidien économique français www.lesechos.fr ramène le débat à des proportions plus proches de la réalité de la recherche sur l'intelligence artificielle. Pour lui, l'idée de voir des machines détruire l'humain est une vue de l'esprit qui n'est près de se concrétiser. « D'abord parce que personne ne sait—et ne souhaite—enseigner aux ordinateurs des valeurs intrinsèquement animales, comme l'instinct de survie ou l'agressivité », avance-t-il, avant d'ajouter un second argument basé sur le constat « que l'apprentissage profond est encore loin, très loin de s'approcher de ce que nous appelons l'intelligence ». Pour preuve, il reprend un passage d'un article d'un chercheur canadien en intelligence artificielle Yoshua Bengio, publié fin janvier dans la MIT Tech Review », reconnaissant que « nous nous battons pour rendre les machines un peu plus intelligentes, mais elles sont encore tellement stupides ».