Le monde arabe bouge, la contestation devient le moyen le plus sûr pour revendiquer sa place dans la société, ses droits les plus élémentaires à la citoyenneté. Du Maghreb au Golfe, les révoltes se succèdent sans qu'on y découvre une logique de continuité géographique. De la Tunisie au Nord du Maghreb, de l'Egypte au Machrek, en Jordanie, au Yémen, un plus à l'extrême, les secousses frappent indistinctement les républiques comme les monarchies. Aucun système n'est épargné. Hier, les politologues spéculaient sur l'effet de contagion pour savoir jusqu'où ira l'onde de choc. Ces pays ne sont pas à leur première secousse. On peut trouver pour appuyer cette thèse des dates un peu fraîches dans l'histoire. L'Egypte surtout durant l'après-guerre connaîtra des manifestations violentes, en 1977, en 1986 sans compter les sorties épisodiques mais musclées de l'opposition. La Tunisie présentée comme modèle de stabilité, elle aussi, n'échappe pas à ce scénario. Après la révolte du pain, dans les années 80, elle passe à la Révolution dite des Jasmins. Le Yémen, en proie à la révolte tribale, le Liban déchiré par les guerres et bien d'autres encore offrent tous de fragilités propices à une forte contestation. La transition est forte de par son ampleur, ce sont des événements qui sont capables de balayer tout un régime. Ces raz de marée sont le signe d'une absence d'exutoire, pour la contestation pacifique comme on le voit fréquemment avec les relais de société civile, les ONG, en Europe, aux Etats-Unis. Autre phénomène, la médiatisation rapide. Aujourd'hui, il n'est plus possible de vivre de pareils événements comme de banals faits divers. Le TIC, avec le Net, le Facebook ont favorisé la solidarité, la mobilisation. «Merci Facebook» peut-on lire sur les murs de Tunis après la chute de Benali. Il n'est pas, alors, étonnant que le pouvoir en Egypte ait attaqué en premier ce support en le neutralisant. Mais pourquoi spécialement la région arabe et sera-t-elle relayée par d'autres contrées ? La révolte arabe se caractérise tantôt par une soif de justice sociale et économique tantôt par une aspiration à des droits politiques universels. Ce ne sont pas uniquement les pays disposant de peu de ressources financières qui sont en cause. Ce qui était, hier qualifié de subversion chez certains ne convainc plus personne. La plupart refusent l'alternance qui est un principe élémentaire de la démocratie. Il n'y a qu'à bien décoder les messages de la communauté internationale pour s'en convaincre. Après le faux pas de la France vis-à-vis du changement en Tunisie suivi d'un mea culpa diplomatique l'Europe et les USA se sont décidés à se ranger du côté de la rue. Ils ont appelé à «des changements démocratiques nécessaires». Hier, le président égyptien a estimé que la révolte dans son pays est due «au large espace de liberté d'expression» de ses citoyens (sic).