Des centaines de manifestants et d'opposants haussent le ton contre les régimes en Egypte, en Jordanie, au Bahreïn, au Yémen et au Koweït. Opprimé depuis plus de 23 ans par le régime Ben Ali, le peuple tunisien s'est révolté violemment pour enfin devenir un modèle de liberté. Juste après la chute du président Ben Ali, la rue arabe s'est soulevée pour protester contre le pouvoir en place. En Egypte, en Jordanie, au Koweït, au Yémen et au Bahreïn, des milliers de citoyens sont sortis hier dans la rue pour saluer «la révolution» du peuple tunisien qui a réussi, en moins d'un mois, à faire tomber le régime en place. Les premiers signes de solidarité sont venus du Caire. Selon les agences de presse et les chaînes satellitaires, des centaines d'Egyptiens ont manifesté hier devant l'ambassade de Tunisie en Egypte pour saluer «la victoire des Tunisiens» et célébrer le départ du président déchu. Cette action a été suivie, hier, par la sortie dans la rue des activistes politiques et des écrivains. Ces derniers se sont regroupés devant le siège du syndicat des journalistes égyptiens pour revendiquer un changement. Face à de grands placards sur lesquels trônaient des photos de Ben Ali et le président égyptien Hosni Moubarak, les manifestants scandaient: «Hier, c'était la Tunisie, demain ce sera l'Egypte». Les mêmes scènes ont été constatées en Jordanie où des milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes, Amman notamment, pour protester contre le chômage et l'inflation. Ce n'est pas tout. Les manifestants ont salué le courage des Tunisiens et réclamé la chute du gouvernement. Parmi les slogans décalmés, un message de bravoure aux Tunisiens. «Salutations aux Tunisiens libres», ont scondé les Jordaniens. Au Bahreïn, des associations locales ont emboîté le pas aux Jordaniens, en demandant de suivre l'exemple de la Tunisie afin d'amorcer un changement. La vague de contestation populaire a atteint les monarchies du Golfe. Des députés koweïtiens considèrent le peuple tunisien comme un exemple à suivre en matière de sacrifice et de liberté. Les Yéménites ont été secoués par le vent de Carthage. Des dizaines de citoyens sont sortis vendredi dans la rue pour exprimer leur mécontentement. C'est ce qui a poussé les dirigeants yéménites à renforcer les services d'ordre dans les grandes villes pour mieux maîtriser la situation. Les peuples arabes, réprimés par leurs régimes respectifs, qu'il soit monarchique ou républicain, se sont offert une occasion pour exprimer leur colère. Autrement dit, à travers de telles manifestations de soutien et de salutations au peuple tunisien «libre», la rue arabe ne vient d'exprimer que son ras-le-bol des gouvernements et des pouvoirs qui sont en place. La population du Monde arabe aspire et espère un changement. Hormis les monarchies, où le pouvoir est ad vitam aeternam entre les mains de la famille et du clan du roi, l'alternative au pouvoir est quasi inexistante dans la totalité ou presque des autres pays arabes. Les Tunisiens ont réussi leur challenge. Ils ont montré aux autres peuples opprimés le chemin à emprunter. En quelque sorte, c'est un éveil de conscience que les Tunisiens viennent de révéler au Monde arabe. Il faut dire que la révolte des Tunisiens entre dans les annales en ouvrant une nouvelle page de leur histoire, comme pour l'Algérie un certain 5 Octobre 1988. Jamais dans le Monde arabe, un président n'a été chassé du pouvoir par la contestation populaire. Dans le cas où d'autres changements venaient à s'opérer dans les autres pays, le grand mérite reviendrait aux Tunisiens qui ont montré la voie pacifique du sacrifice. L'année 2011 sera-t-elle celle du changement dans le Monde arabe? Un challenge très difficile au vu des régimes en place, mais rien n'est impossible si l'on se réfère à l'exemple tunisien.