La 19e édition du salon international de l'automobile s'est ouverte, jeudi dernier, aux Pins Maritimes, sur une note d'inquiétude. Le nombre de concessionnaires exposants est réduit presque de moitié par rapport à l'édition précédente (quatorze contre 22 en 2015). D'après le PDG de Hyundai Algérie, Omar Rebrab, la plupart des concessionnaires absents à cette édition n'ont « rien » à exposer. « La plupart n'ont plus de stocks. Quant à ceux qui participent à cette édition, leurs stocks sont très réduits », indique-t-il dans une conférence de presse. Le président de l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce), Mustapha Zebdi, a affirmé que non seulement le nombre de véhicules exposés est très limité mais qu'en plus, ils ne répondent pas aux besoins des citoyens. « C'est ce qui explique le manque d'affluence lors de ce premier jour. Les voitures les plus demandés et les plus commercialisées sur le marché algérien sont les véhicules à petite cylindrée. Une catégorie qui n'est pas vraiment disponible dans cette édition, sauf peut-être la renault Symbol », signale-t-il. Le représentant de l'Apoce relève aussi l'absence de remises sur la plupart des véhicules d'une part, et l'impossibilité de les acquérir sur place, d'autre part. « Des citoyens ont ramené de l'argent avec eux pour le premier versement. Leur surprise était grande quand ils ont su qu'ils ne pouvaient ni acheter ni verser. Contrairement aux autres éditions, celle de cette année est destinée à l'exposition et non à la vente », dit-t-il en soulignant, par ailleurs, les prix trop élevés des véhicules exposés. A ce propos, Rebrab a assuré que la hausse des prix de l'automobile n'est pas liée à la conjoncture économique mais à la dévaluation du dinar. Le président de l'Association des concessionnaires de l'automobile algériens (AC2A), Sofiane Hasnaoui, a tenu à appeler dans ce contexte que les prix sont libres en Algérie. « Il est vrai, toutefois, que ce secteur, à l'instar des autres, compte des infractions. Les consommateurs doivent connaître leurs droits et se donner les moyens de se défendre », estime-t-il. Le PDG de Hyundai a signalé, toujours dans ce registre, que le montage des véhicules en Algérie ne fera pas baisser les prix d'une façon conséquente. « Ce sont les taxes qui vont diminuer et ceci fera baisser légèrement les prix », précise-t-il. À quand la libération des quotas ? L'inauguration de ce salon a été, par ailleurs, l'occasion pour les concessionnaires de revenir sur le marché de l'automobile qui, selon eux, traverse une période difficile. Le président de l'AC2A a déclaré qu'il est de la responsabilité des entreprises versées dans ce créneau de s'adapter aux nouveautés. « En contrepartie, les pouvoirs publics doivent accélérer le processus de la nouvelle donne réglementaire. Car nous sommes non seulement pourvoyeurs d'emploi et de formation professionnelle, mais nous sommes aussi collecteurs de premier choix en matière fiscale. Sans oublier que nous assurons une traçabilité exceptionnelle de nos produits », dit-il. Il confie que les concessionnaires se sentent actuellement « menacés » face à cette nouvelle situation marquée, selon lui, par un manque de visibilité. Cela fragilise, selon lui, le marché automobile et engendre une baisse des postes d'emploi. « Les stocks des concessionnaires s'épuisent et le système des quotas n'est pas encore en vigueur. Nous attendons toujours les licences d'importation et les nouveaux cahiers de charge. Sans cela, nous ne pouvons pas opérer. Le secteur a besoin d'un climat sain et d'un cadre précis, clair pour poursuivre ses activités et se développer », confie-t-il. Rebrab a indiqué que, vu la nouvelle réglementation relative à la sécurité, des modèles de véhicules vont disparaître du marché tandis que d'autres vont apparaître. « Or, l'entrée de ces nouveaux modèles en Algérie prendra du temps. Ce qui occasionnera un énorme « creux » sur le marché. Ce « creux » est d'ailleurs visible dans cette édition du salon de l'automobile », remarque-t-il. L'Apoce envisage d'interpeller les pouvoirs publics pour l'application du système des quotas car, selon elle, cette situation affecte aussi les consommateurs. « Il faut accélérer l'application des nouvelles mesures. Il y a un réel besoin sur le marché et les citoyens ne savent plus combien de temps il faudra patienter pour réceptionner leurs véhicules », dit-il.