En débarquant, hier, vers 17h locales sur le tarmac de l'aéroport Jose Marti à La Havane, Obama deviendra le premier dirigeant américain, en exercice, à venir sur l'île depuis Calvin Coolidge, en 1928. Accompagné de son épouse Michelle et de leurs deux filles, il se déplace avec un double objectif : aller à la rencontre du peuple cubain et consolider le spectaculaire rapprochement engagé fin 2014 avec Cuba. Le président américain, qui ira ensuite en Argentine, veut aussi redorer l'image de son pays en Amérique latine. Le rétablissement des relations avec « le vieil ennemi cubain » constitue le symbole parfait d'une nouvelle relation avec le sous -continent. C'est cet objectif qui a conduit la Maison Blanche à décréter, ces derniers mois, une série de mesures assouplissant l'embargo imposé à l'île depuis 1962, dont la levée totale dépend néanmoins du Congrès. La chaîne hôtelière Starwood a annoncé, samedi dernier au soir, avoir obtenu le feu vert du Département du Trésor pour ouvrir deux hôtels à La Havane, devenant la première multinationale américaine à s'installer à Cuba depuis la révolution cubaine. Moins de 200 km séparent les deux pays mais depuis l'arrivée au pouvoir à La Havane, en 1959, de Fidel Castro et de ses « barbudos », les deux pays se sont tourné le dos. Quand l'impossible se produit Le temps fort de la visite du président américain sera son discours demain dans un grand théâtre de La Havane, devant les caméras de la télévision cubaine. M. Obama a obtenu de pouvoir rencontrer des dissidents demain, et prévenu qu'il évoquerait « directement » les droits de l'homme avec Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel voilàî presque 10 ans. A la veille de son arrivée, plusieurs dissidents de premier plan ont appelé le président américain à promouvoir « un changement radical » afin de « stopper la répression et le recours à la violence physique ». A La Havane, si l'effervescence est palpable, beaucoup de Cubains peinent encore à réaliser que l'impossible va se produire. « Un président des Etats-Unis à Cuba (...) probablement accueilli avec des sourires, des applaudissements et des groupes musicaux ! Jamais dans nos rêves ou nos cauchemars nous n'imaginions voir quelque chose de tel de notre vivant », confie le célèbre écrivain Leonardo Padura, 60 ans. Dans les rues de la capitale, les drapeaux américains ont fleuri ces derniers jours. Un restaurant de la vieille ville a même osé imprimer une large pancarte présentant Raul Castro et Barack Obama côte à côte. « Pour autant que je me souvienne, il n'y a jamais eu de portrait d'un président américain auparavant sur la voie publique », se vante son propriétaire. Les changements espérés par Washington pourraient toutefois tarder à se concrétiser. Jeudi dernier, le ministre cubain des Affaires étrangères a rappelé, dans une allocution pleine de fermeté, que La Havane n'était pas disposé à évoquer les thèmes relevant de sa stricte souveraineté. « Personne ne peut prétendre que Cuba doive renoncer à un seul de ses principes (...) pour avancer vers la normalisation », a-t-il martelé. Demain, M. Obama doit assister à un match de baseball entre la sélection nationale de Cuba et l'équipe des Tampa Bay Rays, de la Ligue majeure de baseball américaine. Les Rolling Stones viendront, samedi prochain, pour un grand concert gratuit.