La visite entrera dans l'histoire: le président des Etats-Unis Barack Obama se rendra à Cuba les 21 et 22 mars prochains. Une illustration spectaculaire du rapprochement entre les deux anciens pays ennemis après un demi-siècle de tensions. Le 44e locataire de la Maison Blanche s'y rendra avec son épouse Michelle. "Nous avons toujours des différences avec le gouvernement cubain et je les soulèverai directement. L'Amérique défendra toujours les droits de l'homme à travers le monde", a indiqué le président des Etats-Unis dans un tweet. Au cours de cette visite de deux jours, le président américain aura un tête-à-tête avec son homologue cubain Raul Castro et rencontrera "des membres de la société civile, des entrepreneurs et des Cubains de différents horizons", a précisé la Maison Blanche.
Dernière visite en 1928 La dernière visite d'un président américain en exercice sur l'île située au large de la Floride remonte à 1928, avec celle de Calvin Coolidge. En se rendant à La Havane, M. Obama, qui quittera le pouvoir dans moins d'un an, deviendra donc le premier à fouler le sol cubain depuis la révolution castriste de 1959. Après l'annonce du rapprochement entre Washington et La Havane en décembre 2014, les deux pays ont rétabli leurs relations diplomatiques en juillet 2015. Le secrétaire d'Etat John Kerry s'est rendu à La Havane en août pour la réouverture de l'ambassade américaine. Le 44e président des Etats-Unis a, à plusieurs reprises, exprimé sa volonté de se rendre à Cuba tout en soulignant que cela ne l'intéressait pas de "simplement valider le statu quo".
Critiques républicaines L'annonce de cette visite a suscité de vives réactions dans le camp républicain à l'approche de l'élection présidentielle de novembre. Candidat à la Maison Blanche, Marco Rubio, né à Miami de parents cubains, a souligné qu'il ne se rendrait sur place que si l'île était "libre". Le sénateur du Texas, Ted Cruz, également en lice dans la primaire républicaine, a aussi critiqué l'initiative, déplorant que le président "permette que des milliards de dollars aillent à des tyrans qui détestent l'Amérique". Depuis 50 ans, des centaines de milliers de Cubains ont émigré aux Etats-Unis. Si les émigrés "politiques" des débuts de la Révolution restent farouchement opposés à tout rapprochement avec le régime de La Havane, les immigrés plus récents ont de leur côté conservé de solides attaches dans l'île et ont accueilli beaucoup plus favorablement l'annonce d'un dégel.
"Todos somos americanos" Le 17 décembre 2014, Barack Obama annonçait, à la surprise générale, sa volonté d'entamer "un nouveau chapitre" avec Cuba, constatant sans détour l'échec d'un demi-siècle d'isolement du régime communiste. "Todos somos americanos" (Nous sommes tous américains), lançait-il lors d'une allocution depuis la Maison Blanche, après s'être entretenu par téléphone avec son homologue cubain Raul Castro. A plusieurs reprises depuis, le 44e président des Etats-Unis a appelé à poursuivre la normalisation engagée, demandant au Congrès de lever l'embargo imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996. Les liaisons aériennes commerciales régulières entre les Etats-Unis et Cuba, interrompues depuis plus de 50 ans, vont reprendre prochainement, ont annoncé cette semaine les deux pays. La loi américaine continue cependant d'interdire de voyager à Cuba pour des activités touristiques.
La Havane salue un pas supplémentaire La visite du président américain Barack Obama à Cuba constituera un pas supplémentaire vers l'amélioration des relations entre La Havane et Washington, ont salué les autorités cubaines peu après l'annonce de ce déplacement par Washington. Le président américain sera le bienvenu les 21 et 22 mars prochains, sa visite constituera un pas supplémentaire vers l'amélioration des relations entre Cuba et les Etats-Unis, a déclaré devant la presse Josefina Vidal, responsable des négociations avec les Etats-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères. Les deux pays ont rétabli leurs relations diplomatiques en juillet 2015 et le secrétaire d'Etat John Kerry s'était rendu à La Havane en août pour la réouverture de l'ambassade américaine. Mais la normalisation entre ces deux anciens ennemis de la Guerre froide reste notamment suspendue à la levée de l'embargo économique imposé en 1962 par Washington, qui dépend du Congrès, et à la restitution de la base américaine de Guantanamo, dans l'extrême sud-est du pays.