Photo : Makine F. Dans un entretien exclusif accordé à notre confrère Liberté, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a évoqué toutes les questions qui font s'interroger la classe politique et la rue. De sa lecture des dernières émeutes enregistrées dans certaines villes du pays aux révélations de WikiLeaks sur l'Algérie ou aux raisons du maintien de l'état d'urgence, aucune question n'a été escamotée ou éludée. Il a répondu même sur les rumeurs relatives à l'état de santé du président de la République. Le propos s'est voulu direct et sans fioritures. LE DENI DE LA REALITE Le ministre a délivré des vérités. Il reconnaît que la société et notamment les jeunes connaissent certaines difficultés allant du chômage au mépris et à la cherté de la vie. Les manques ne devraient pas pour autant escamoter les réalisations de ces dernières années. Ce que le ministre qualifie de discours négationniste qui consiste à noircir la situation est un déni injuste et flagrant de la réalité. Les manifestations de grogne n'ont, par ailleurs, aucun caractère politique. Ceux des partis qui tentent de surfer sur cette vague de mécontentement ne se donnent pas pour mission de relayer cette colère mais de la récupérer. Le ministre se veut serein car il n'y a pas de comparaison à faire avec la Tunisie. L'Etat, qui s'appuie sur un programme de développement lié à des secteurs qui touchent des secteurs en relation directe avec la vie quotidienne du citoyen, jouit de crédibilité. La liberté d'expression politique ne connaît pas d'entraves impitoyables. Les soupapes pour évacuer le trop-plein de colère existent. L'analyse des causes de la violence qui s'exprime même dans les moments de joie est du ressort également des sociologues, fait remarquer M. Ould Kablia. Le ministre de l'Intérieur a exclu tout soubassement politique au refus d'organiser des marches dans la capitale. Celui-ci n'est pas motivé par des interdictions de l'expression politique. Celles-ci s'appliquent autant aux opposants qu'aux partis de l'alliance. Ce sont les craintes liées à l'après-terrorisme qui motivent cette attitude de prévention et, au delà, le maintien de l'état d'urgence. La capitale, pour reprendre les mots de M. Ould Kablia, a besoin d'être sécurisée non seulement contre le terrorisme mais contre toutes formes d'insécurité. Les risques d'un terrorisme qui ne peut recourir qu'aux attentats kamikaze ne sont pas encore totalement écartés. L'intrusion d'éléments cherchant un impact n'est pas à exclure. Ce ne sont pas tant les expressions de colère et de mécontentement qui semble inquiéter les autorités que les éléments qui cherchent à profiter des événements pour piller et saccager. C'est une des vérités que le ministre de l'Intérieur a tenu aussi à proclamer sans détour. PRIORITES Le ministre de l'Intérieur ne s'est pas livré à un mea culpa. L'administration est là, au service des citoyens même si elle a besoin d'une révision et d'une adaptation de son arsenal législatif. Elle a besoin également de s'appuyer sur l'action des courroies de transmission qui assurent la communication et le dialogue avec la jeunesse. La lutte contre la bureaucratie et l'amélioration des prestations des services publics et des associations, autre interface efficace, sont au rang des priorités. Celles d'un Etat républicain qui assume ses missions au niveau local à travers les communes dont le ministre rappelle fort opportunément qu'elles en sont un démembrement. Non des contre pouvoirs qui travailleraient en marge du contrôle et de la loi.