Le séjour du président turc aus USA a donné lieu à des scènes musclées entre sa sécurité et la presse. La Maison Blanche a annoncé que le président Obama avait rencontré Erdogan en marge du sommet sur la sécurité nucléaire, un entretien qui n'avait pas été programmé, ce qui avait été considéré comme une rebuffade envers le président turc à un moment où Washington et Ankara se heurtent sur la crise syrienne et les droits de l'Homme, notamment la liberté de la presse. Selon un communiqué de la Maison Blanche, Obama et Erdogan ont discuté de « la coopération entre les Etats-Unis et la Turquie dans les domaines de la sécurité régionale, du contre-terrorisme et des migrations ». Mais l'intervention de Erdogan devant le cercle de réflexion Brookings à Washington a été précédée par des heurts entre les services de sécurité turcs et des journalistes et des manifestants dont certains brandissaient des bannières de combattants kurdes syriens, qui ont échangé coups et insultes avant que la police n'intervienne. Un homme de la sécurité turque a lancé un coup de pied à hauteur de la poitrine d'un journaliste américain qui tentait de filmer des heurts. D'autres ont tenté d'empêcher deux journalistes turcs d'accéder au bâtiment de la Brookings, dont un journaliste du journal d'opposition Zaman, mis sous tutelle par le gouvernement. Mais des membres de la Brookings les en ont empêchés lors d'une confrontation très tendue. A l'extérieur du bâtiment, des militants pro-kurdes scandaient « Erdogan fasciste ! » ou « Erdogan, tueur d'enfants ». « Il n'y a pas de bons terroristes », selon Erdogan Le Club national de la presse américain, une grande organisation de journalistes, a vivement protesté. « Le président turc et son équipe de sécurité sont des invités des Etats-Unis », a déclaré dans un communiqué Thomas Burr, son président. « Ils n'ont pas le droit de porter la main sur des reporters ou des manifestants », a-t-il dit. « Erdogan n'a pas à exporter » les violations des droits de l'Homme et de la presse qui se développent en Turquie, a-t-il ajouté. Imperturbable après ces heurts, le président turc a défendu dans un discours très ferme l'action de son gouvernement. Evoquant les cas de 52 « soi-disant journalistes incarcérés », il a affirmé que ces personnes « avaient déjà été condamnées pour des actes terroristes ». « Dans les prisons turques, il n'y a pas de journalistes qui ont été condamnés en raison de leur profession » ou en violation de leur liberté d'expression, a-t-il assuré. Erdogan a appelé la communauté internationale à soutenir l'action de son gouvernement contre les séparatistes kurdes. Dans la journée, un attentat à la voiture piégée a tué sept policiers turcs jeudi à Diyarbakir, la plus grande ville du sud-est à majorité kurde. « Nous ne pouvons plus tolérer ça », a lancé Erdogan. « Les pays européens et les autres pays, j'espère, peuvent voir le véritable visage derrière ces attentats », a-t-il déclaré. Erdogan a estimé que le monde entier devait s'unir pour combattre le terrorisme, affirmant que les Kurdes étaient aussi dangereux que les combattants du groupe Daech. L'Occident ne doit pas considérer qu'il y a de « bons terroristes » sous prétexte qu'ils combattent les terroristes de Daech, a déclaré Erdogan. Auparavant, le vice-président américain Joe Biden a lui aussi rencontré Erdogan. Ils ont réaffirmé « l'alliance étroite » entre les Etats-Unis et la Turquie.