Les attaques expriment des positions conservatrices d'ordre idéologique. Ces critiques font valoir que les réformes portent atteinte aux constantes nationales. Pire, elles seraient élaborées par des experts étrangers. Que pensent les professionnels du secteur dans tout ce tohu-bohu ? Des pédagogues et des syndicats donnent leurs avis. Pédagogue, Ahmed Tessa a estimé que la polémique qui a suivi cette question n'a pas sa raison d'être. Il a soutenu que les adversaires à la démarche de la ministre n'ont aucun argument pédagogique à faire valoir. Il a souligné que ces programmes ont été élaborés par la Commission nationale des programmes composés des compétences nationales. Il a souligné que l'introduction du référent algérien dans le manuel scolaire dérange certains milieux. « Les programmes de deuxième génération ont apporté des améliorations par rapport aux programmes existants avec cette spécificité d'introduire des textes littéraires algériens dans le contenu », a-t il fait savoir. Pour le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, les critiques de certains milieux n'obéissent à aucun critère pédagogique valable. « Ils veulent régler des problèmes politiques avec la ministre », a-t-il accusé. Notre interlocuteur ne comprend pas pourquoi ces derniers n'ont pas dénoncé la présence des experts étrangers dans les autres secteurs. Selon lui, les détracteurs de Benghebrit sont les personnes qui ont été éjectées, par manque de compétences, des postes qu'ils occupaient dans le secteur. Il a indiqué que son syndicat soutient la ministre dans cette démarche visant à mettre en place une école publique forte et de qualité. Il a précisé que les programmes de deuxième génération n'ont touché ni au volume horaire de l'arabe ni au rythmes scolaire. La nouveauté consiste en l'introduction des auteurs algériens tels que Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib dans le manuel scolaire. Amoura a indiqué que son syndicat est favorable à cette opération d'algérianisation de l'école publique que, selon lui, dérange le milieu islamo-conservateur. Idem pour le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane. Il a précisé que la démarche de la ministre a pour objectif d'assurer une bonne prise en charge sur le plan scolaire des élèves. Selon lui, les programmes de deuxième génération n'ont pas touché aux constantes nationales. Il a déploré le fait qu'à chaque fois que l'école essaie de récupérer sa souveraineté nationale, des voix « obscurantistes » surgissent sans arguments scientifiques ou pédagogiques pour remettre en cause la démarche du ministère qui veut bâtir une école moderne ouverte sur l'universalité. Pour sa part, le président de l'association nationale des parents d'élèves, Khaled Ahmed, a qualifié de « stérile » cette polémique. Pour lui, les détracteurs de la ministre ont agi pour servir des intérêts étroits. « Il y a ceux qui veulent avoir des postes dans le secteur et ceux qui se sont révoltés pour les avoir perdus », a-t-il accusé. Il a fait savoir que les programmes scolaires tels qu'ils sont pressentis n'ont pas touché aux constantes nationales. Comme ils n'ont pas favorisé l'enseignement d'une langue par rapport à une autre. Selon lui, il y a une volonté évidente de créer la zizanie et de déstabiliser le secteur.