Photo : Riad Par Karima Mokrani Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a réuni, jeudi à Alger, les directeurs de l'éducation des 48 wilayas du pays pour débattre de la préparation de la rentrée scolaire 2010-2011. Comme chaque année, il a insisté sur la nécessité d'accueillir les élèves dans de bonnes conditions, avec l'ouverture de nouvelles structures pédagogiques, le recrutement de nouveaux enseignants, la confection d'un grand nombre de manuels de façon à permettre à chaque élève d'avoir son quota dès les premiers jours de la rentrée, etc. Dans une déclaration à l'APS, le ministre a annoncé la réception de 246 nouvelles écoles primaires, 221 CEM et 123 lycées. 400 autres lycées sont en cours de réalisation et 500 autres suivront dans les années à venir. Concernant le port obligatoire du tablier unifié, à l'origine d'une grande polémique au début de l'année dernière, le ministre a dit que «la décision relative au tablier unifié est irrévocable», assurant toutefois que son département a pris toutes les dispositions nécessaires pour le mettre sur le marché, en temps voulu et à moindre prix. Boubekeur Benbouzid rassure que le secteur public est à même de fournir 500 000 tabliers. Pour le reste, il y a le privé dont la participation est grandement souhaitée en pareille circonstance. Le premier responsable du secteur de l'éducation nationale a fait d'autres promesses, pris d'autres engagements, donné des instructions, rappelé à l'ordre des responsables et des promoteurs de projets. Tout pour garantir la réussite de l'année scolaire 2010-2011. Pour le représentant du gouvernement, et au nom de tout le gouvernement, l'année 2010-2011 doit être meilleure que celle qui l'a précédée. Elle doit l'être pour justifier le choix des réformes. Le temps passe très vite. C'était seulement hier que près de 800 000 élèves, à travers le territoire national, ont rejoint les bancs de l'école pour entamer l'année 2009-2010. Et voilà que l'année s'achève, dans des conditions «normales», avec des taux de réussite plus que satisfaisants dans les trois examens de fin d'année (ex-6ème, BEM et baccalauréat). On a déjà oublié la colère des élèves et de leurs parents pour cause de non-disponibilité sur le marché de la blouse rose ou bleue, les problèmes causés par les deux grèves des syndicats autonomes les mois de novembre et de février, les difficultés de rattraper les cours, le refus des élèves de céder leur temps libre… L'année scolaire 2009-2010 a connu des problèmes. De fortes perturbations. Tout a fini par rentrer dans l'ordre et les résultats sont là pour le confirmer. 61,23% le taux de réussite au baccalauréat et 66,35% celui du BEM. Boubekeur Benbouzid en est fier. Les résultats sont «satisfaisants et honorables», a-t-il déclaré jeudi dernier. Son secrétaire général, Boubekeur Khaldi, dira que s'il n'y avait pas les deux grèves des syndicats autonomes, les résultats seraient encore meilleurs. C'est à se demander comment les services du ministère de l'Education nationale procèdent pour arriver à une telle exactitude dans les chiffres, alors que tous les pronostics indiquent un net recul du niveau scolaire des élèves, dans les trois paliers de l'enseignement. Le bac 2010 est une réussite, mais en chiffres seulement. La joie des nombreux lauréats ne durera pas longtemps. Une grande désillusion les attend… Elle se cache derrière les portes de l'université. Les sujets du bac étaient faciles, à la portée de tous. Les syndicats du secteur le font remarquer et, avec eux, les pédagogues. Ils le disent à haute voix, refusant de cautionner la politique ministérielle de gérer les problèmes. Quoi que disent les syndicats et les pédagogues, le ministre reste inflexible. Il maintient son attitude positive, convaincu que c'est là la meilleure manière d'atteindre son objectif de 70% de taux de réussite dans les années à venir. Peut-être même plus, pourquoi pas ? Au lieu donc de perdre son temps à répondre à ses détracteurs qui parlent d'un bac «politique», il préfère poursuivre son chemin, implacable, imperturbable. Il laisse les syndicats dire et faire ce qu'ils veulent. L'essentiel, c'est que la réforme continue sa marche vers l'objectif visé. Remplir les campus universitaires de nouvelles têtes branchées sur tout sauf sur le savoir. Là encore, il y a un sérieux problème de communication. Les ministres du gouvernement doivent tendre l'oreille aux doléances et aux critiques de tous les travailleurs de leurs secteurs respectifs.