Il y a de cela longtemps que le constat a été fait. La recherche scientifique n'a pas été dynamisée suffisamment pour sortir de son isolement et contribuer au développement du pays, notamment dans le secteur économique où la recherche et ses résultats ont une valeur ajoutée déterminante. L'on exceptera quelques domaines, notamment l'industrie pharmaceutique, où la recherche et le développement sont incontournables pour l'activité et où on trouve un semblant de connexion entre la production industrielle et la recherche. Les autres secteurs ont pour ainsi dire coupé les ponts avec le monde universitaire, omettant d'exploiter une voie qui eut pu, si elle avait été empruntée depuis des décennies, bouleverser la destinée de notre industrie. Des produits naissent ailleurs sont produits et commercialisés en Algérie et on ne leur connaît pas d'ambition de conquérir d'autres marchés, ni une aspiration à évoluer en tant que produits, vers de nouvelles normes de fabrication ou de production qui les rendent moins chers, plus nourrissants, plus efficaces, etc. Les opérateurs économiques boudent le monde de la recherche scientifique car la culture qui se soutient d'une foi dans la capacité du savoir à produire autre chose que lui-même n'a pas encore pignon sur rue chez nous. Ce scepticisme a fait que la confiance dans la capacité d'innover, d'inventer et de découvrir de nos chercheurs n'a jamais été au rendez-vous avec la force nécessaire pour pousser tous les acteurs à jeter leur dévolu sur l'intelligence scientifique afin de contribuer et faire contribuer à pousser de l'avant la machine du développement. De son côté, l'Université, trop dépendante de l'Etat, n'a pas su aller vers le monde économique pour lui offrir sa collaboration et y puiser les moyens pour concrétiser son essor et ses objectifs de recherche. Cette succession de négations ou plutôt de non-lieux historiques en matière de recherche et de développement économique et industriel, fait aujourd'hui que la prise de conscience est terriblement empreinte de lucidité, on ait besoin de rattraper tout le temps perdu et de commencer à donner ses lettres de noblesse à l'intercomplémentarité qui est l'essence même de tout développement possible, puisque c'est par elle que les choses, incapables d'exister indépendamment de leur environnement, arrivent à puiser de leur entourage les atouts susceptibles de les promouvoir, de les renforcer et donc aussi de les pérenniser. Le chercheur, en bon prince, a besoin d'argentier qui finance des idées pour récolter des projets, mais cette relation a besoin de succès emblématiques qui soient un point de départ à une pratique qui n'a pas encore pu prouver sa validité opératoire. Comme si chacun de son côté se disait : « Il faut le voir pour le croire ». Dans ce cas-là, personne ne risque de croire et tout le monde risque de ne jamais rien voir.