La révision de la grille des salaires c'est pour bientôt. La décision sera prise probablement lors de la prochaine bipartite entre le gouvernement et l'UGTA qui aura lieu demain au Palais du gouvernement. Cette révision a pour but la revalorisation des salaires de la Fonction publique, afin de pallier le déséquilibre constaté dans le pouvoir d'achat des citoyens, à travers le reclassement des salaires et l'intégration de certaines primes dans le salaire de base. Ce n'est pas une intention mais une réalité qui commence à prendre son chemin. Toutefois, la hausse des salaires au niveau du secteur public tiendra compte de la situation financière de chaque entreprise. Le principe de la réévaluation est, de ce fait, retenu, mais il reste à définir le taux de l'augmentation, et les catégories concernées. Il faut dire que, quelle que soit cette revalorisation des salaires, elle sera toujours satisfaisante pour les travailleurs qui l'attendaient désespérément depuis longtemps. Mais quel serait l'impact de cette revalorisation sur l'économie nationale, notamment sur le pouvoir d'achat malmené ces derniers temps ? Pour Abderrahmane Mebtoul, expert international en économie, une revalorisation des salaires est indispensable pour dynamiser l'économie d'un pays. Le salaire ne devrait pas, aujourd'hui, dans une société comme la nôtre, être inférieur à 25 000DA/mois. C'est ce que revendique depuis toujours l'UGTA pour le SMIC. Fixer et faire respecter ce minimum, c'est revaloriser le travail aux deux sens du terme, selon Mebtoul : rendre le travail, et l'investissement dans la formation générale et professionnelle, plus attractif pour les personnes en âge de travailler, et lui attribuer une valeur plus conforme à la création de richesses à laquelle contribue chaque salarié. De plus, des salaires plus élevés et réguliers est un facteur de solidité, de dynamisme et même de souplesse pour l'économie, compte tenu du fait que le dynamisme économique dépend largement du pouvoir d'achat des ménages qui détermine les débouchés pour les entreprises : combien de patrons, notamment dans les PME, se plaignent de ne pas avoir suffisamment de commandes, de débouchés à leur production et de ne pouvoir produire plus ni embaucher pour ces raisons ? Des salaires plus élevés, c'est une croissance de la consommation et de la demande finale, et donc des débouchés. Des salaires plus réguliers, moins précaires, c'est moins d'épargne de précaution, et donc une consommation plus forte. Des salaires nets plus élevés, enfin, c'est une plus large capacité contributive pour financer les fonctions collectives : l'éducation, la santé, la retraite, la recherche, les infrastructures, l'aménagement du territoire et les services publics. En Algérie, il faut imaginer une nouvelle politique salariale, qui, selon cet expert, permet la création d'emplois et non pas la distribution passive de salaires. L'administration accapare à elle seule 70% de la masse salariale. La solution, selon toujours Mebtoul, c'est d'imaginer une politique courageuse des salaires qui favorisent les emplois créateurs de valeurs rajoutées. En fait,selon l'expert, une meilleure rémunération du travail est un des principaux outils de la politique économique pour relancer la machine économique et assurer un développement solidaire et miroiter des profits financiers, par un emploi de qualité. Ce n'est pas en baissant ou en précarisant les salaires, en faisant "correctement rémunéré ", que l'on vaincra le chômage et que l'investissement productif retrouvera le chemin de la croissance. Les négociations salariales sont, et doivent devenir, un lieu de démocratie sociale dans l'ensemble de la société et dans les entreprises. Car débattre des salaires, c'est aussi poser l'ensemble des questions relatives au travail : de la formation continue, aux conditions de travail en passant par l'emploi et l'investissement… Une chose est sûre, cette bipartite augure de bonnes perspectives. Et une revalorisation des salaires pourrait même avoir un impact positif sur le phénomène de la fuite des cerveaux qui est en constante augmentation en Algérie. En effet, Sur un total de 10 000 médecins ayant immigré en France ces dernières années, 7 000 sont algériens. Aux Etats-Unis, sur les 18 000 personnes qui composent la communauté algérienne, 3 000 sont des chercheurs et des scientifiques de très haut niveau. Sur les 25 pays fournisseurs d'émigrants au Canada, l'Algérie occupe la troisième place.