Le 16 avril n'est pas qu'une simple journée, souvent printanière. Elle renvoie aussi à une figure importante de l'histoire algérienne disparue en ce jour de l'année 1940. Aux côtés de Messali Hadj, Ferhat Abbas ou Amar Ouzegane, Abdelhamid Ibn Badis était à la tête d'un courant important du mouvement national. De ses rangs, ont jailli des poètes, des militants qui ont rejoint l'ALN et d'autres structures du FLN. Chacun avec ses moyens et sa vision cherchait alors à améliorer la condition des Algériens épuisés mais non vaincus par plus d'un siècle de colonisation. Ben Badis et ses compagnons avaient privilégié le combat pour la sauvegarde de la langue arabe et de la religion. Face à une œuvre méthodique de déstructuration et d'aliénation, l'une et l'autre se sont révélées des refuges et des armes pour refuser une assimilation de force. Ce n'est pas un hasard si tous les courants politiques, des indépendantistes aux défenseurs de l'égalité et la liberté sous le drapeau français, partageaient le même souci de protéger deux fondements essentiels de l'identité algérienne. Il suffit de relire les textes fondateurs du mouvement national pour retrouver les revendications liées à la personnalité nationale en tête des doléances. Dédiée au savoir après l'indépendance, la date met en valeur le parcours d'un homme qui aura consacré toute son existence à défendre une religion débarrassée des scories du charlatanisme et ouverte aux valeurs universelles. Il a ouvert des centaines de medersas où la mixité n'était pas proscrite. Le savoir fait prendre conscience de l'état d'assujettissement et de la nécessité de se libérer. Ben Badis fait partie de l'histoire et de la mémoire algériennes mais le pays a connu des évolutions. Née dans un contexte précis, la conception qu'avait Ben Badis de l'identité nationale péchait sans doute par son « oubli » de sa dimension amazigh. Celui qui signait du nom des aïeux El Sanhadji n'en demeure pas moins un repère. On peut compléter et enrichir la personnalité nationale sans pour autant renier ce qu'il a défendu et prôné. Aujourd'hui, le message de Ben Badis résonne d'une brûlante actualité.