Le président américain entame une visite au Golfe, pour tenter de réchauffer le traditionnel partenariat, particulièrement ébranlé par les retombées de l'accord sur le nucléaire iranien, qui a mis fin à l'isolement de Téhéran. La rencontre avec le roi Salmane (aujourd'hui) et sa participation au sommet du Conseil de coopération du Golfe (demain) s'inscrivent dans une démarche qui vise à rassurer ses alliés régionaux, initiée en mai 2015 à Camp David, et à consolider la coopération dans la lutte contre Daech. Si Washington a dénoncé les « activités déstabilisatrices » de Téhéran dans la région, la nouvelle doctrine d'Obama se refuse à sa marginalisation. Dans un article publié à la mi-mars dans The Atlantic, Obama a catégoriquement rejeté l'accusation selon laquelle « l'Iran est la source de tous les problèmes ». Le temps de la normalisation pourra-t-il favoriser le retour à un climat d'apaisement ? « La compétition entre les Saoudiens et les Iraniens, qui a contribué à alimenter des guerres par procuration et le chaos en Syrie, en Irak et au Yémen, nous oblige à dire à nos amis ainsi qu'aux Iraniens qu'ils doivent trouver un moyen de partager leur voisinage et d'instaurer une forme de paix froide », a martelé Obama. Le challenge de la stabilité régionale se légitime par les acquis des cessez-le-feu en Syrie et au Yémen. Mais l'approche américaine est confrontée au regain de tension avec Ryad, alimentée par la polémique sur le 11 Septembre. A la veille de la visite d'Obama en Arabie saoudite, un projet de loi, soutenu par des démocrates et des républicains, sera soumis à l'examen au Congrès pour déterminer la responsabilité de l'Arabie saoudite dans les attentats du 11 Septembre et, éventuellement, traduire les dirigeants devant les tribunaux américains pour obtenir pour les familles des victimes des dédommagements. Totalement opposé à cette initiative, le président Obama menace de recourir au veto. Si l'implication de l'Arabie saoudite n'a jamais été démontrée, malgré le fait que 15 des 19 pirates de l'air étaient Saoudiens, Washington plaide pour « l'immunité des Etats », un principe dont la remise en cause constituerait un précédent dangereux. Des « conséquences coûteuses » ont été brandies par le ministre saoudien des Affaires étrangères, Lors d'une visite à Washington, en mars dernier, menaçant de vendre quelque 750 milliards de dollars en bons du Trésor américain et autres biens détenus aux Etats-Unis.