Outre la prorogation du mandat d'une année, soit au 30 avril 2017, la réaffirmation du soutien au médiateur, Christopher Ross, appelé à relancer les contacts pour faciliter la reprise du 5e round de discussions, est perçue comme un désaveu au Maroc décrétant l'émissaire onusien, au même titre que le secrétaire général de l'ONU interdit de se rendre aux territoires occupés, « persona non grata ». Dans le cadre des négociations, menées sous les auspices du secrétaire général de l'ONU tenu désormais de présenter deux rapports par an, le Conseil de sécurité a renouvelé son engagement pour parvenir à une solution mutuellement acceptable permettant au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination. Face à la logique de confrontation et de tension accrue, privilégiée par l'occupant marocain, l'Algérie s'est félicitée de la décision de l'ONU de reconduire le mandat onusien et la prise de conscience de l'urgence du rétablissement « dans la plénitude de ses fonctions ». Dans un communiqué publié hier, le ministère des Affaires étrangères a indiqué que « l'Algérie prend note de la résolution 2285 (2016) du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Sahara occidental qui s'inscrit globalement dans la cohérence des doctrines de l'Organisation universelle en matière de décolonisation et en ce qui concerne ses opérations de maintien de la paix, tout en enregistrant avec respect les motivations des cinq pays qui n'ont pas accordé leurs suffrages à ce texte ». Le camp du refus (Venezuela, Uruguay) et des abstentionnistes (Russie, Angola et Nouvelle Zélande) traduit le rejet des amendements introduits, sous la pression de la France, au texte initial proposé par les Etats-Unis. La mouture finale, validée par les 10 autres membres du Conseil de sécurité, marque un recul sur l'ultimatum de 3 mois fixé pour le retour de la Minurso et les mesures draconiennes prévues le cas échéant. La résolution finale se contente seulement d'évoquer l'examen des meilleurs moyens pour restaurer les activités de la Mission après l'expiration du délai de trois mois. « Il fallait exiger le retour immédiat de la Minurso », a revendiqué Rafael Dario Ramirez Carreno, le représentant du Venezuela au Conseil de sécurité, estimant que le Conseil a « manqué une occasion d'envoyer un message ferme au Maroc ». De son côté, le représentant de l'Angola, Ismael Abraao Gaspar Martins, a souligné que « le Conseil a manqué à ses obligations ». Toutefois, la bataille de la paix continue. L'enjeu réside fondamentalement, selon le représentant du Front Polisario auprès des Nations Unies, Ahmed Boukhari, dans la nécessité de prendre une action « décisive » pour permettre à la Minurso de s'acquitter pleinement de son mandat et pour fixer un calendrier ferme des négociations. Au cours d'une conférence de presse animée à New York, le représentant sahraoui a estimé que « le vote d'aujourd'hui envoie un message, fort et clair, que le statu quo est inacceptable, et que le Maroc ne sera pas autorisé à entraver la mission de l'ONU au Sahara occidental, ni d'anéantir » le droit des Sahraouis de participer à un référendum d'autodétermination. Telle est la mission première de la Minurso confrontée au devoir de crédibilité. Elle reste également l'élément majeur qui va déterminer, selon Boukhari, le choix de la direction du Front Polisario pour décider des prochaines étapes à entreprendre.