Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU) a souhaité, jeudi soir, au terme de sa quatrième réunion sur le Sahara occidental, que la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) puisse recommencer à fonctionner pleinement. Il n'a toutefois pas condamné la décision du Maroc d'expulser la totalité des experts civils expatriés de cette Mission et de fermer un bureau de liaison militaire. Il s'agit là d'une dérobade honteuse qui invite le Maroc à continuer à fouler aux pieds la légalité internationale. Pourquoi le Conseil de sécurité a-t-il eu une réaction aussi molle ? Les tiraillements internes l'ont, selon certain observateurs, «empêché d'avoir une position unanime et forte contre le Maroc». Rabat reproche au secrétaire général de l'ONU d'avoir utilisé le terme «occupation» lorsqu'il a parlé du Sahara occidental au cours de sa dernière visite dans les camps de réfugiés sahraouis. Le Maroc n'a pas arrêté depuis de descendre en flammes Ban Ki-moon alors que celui-ci n'a fait que décrire une réalité. D'où les mesures marocaines de «rétorsion». La Minurso en péril C'est pourquoi l'organe onusien s'est contenté d'une simple déclaration intitulée «éléments à la presse», qui est la plus faible des réponses que peut apporter le Conseil face à une situation de crise donnée. Et c'est le président du Conseil pour le mois de mars, l'ambassadeur angolais Ismael Gaspar Martins, qui a fait part à la presse de cette prise de position à l'issue de trois heures de consultations à huis clos sur la querelle qui envenime depuis dix jours les relations entre l'ONU et le gouvernement marocain. Selon l'ambassadeur angolais, les pays du Conseil ont toutefois «exprimé une grave inquiétude» face à cette situation et rappelé que les 16 missions de la paix de l'ONU dans le monde sont déployées sur instruction du Conseil «pour mener à bien des tâches cruciales». A la question de savoir ce que comptait faire le Conseil de sécurité pour rendre à nouveau la Minurso opérationnelle, l'ambassadeur s'est contenté d'indiquer que les contacts bilatéraux avec Rabat allaient continuer. «Nous sommes inquiets et c'est un problème qu'il faut résoudre», a-t-il déclaré à la presse. L'ONU pense, en effet, que l'attitude marocaine est dangereuse pour la paix dans la région, puisqu'elle risque de rendre bientôt la Mission, forte de 500 hommes, civils et militaires, incapable de remplir le mandat que le Conseil lui a confié en 1991. Le Front Polisario a, pour sa part, appuyé l'appel du Conseil de sécurité à maintenir le mandat de la Minurso. «Nous soutenons et nous appuyons l'appel du Conseil de sécurité adressé au Maroc pour que la Minurso puisse mener à terme son mandat octroyé par les résolutions du Conseil de sécurité», a déclaré hier son représentant à l'ONU, Ahmed Boukhari, qui a demandé, en outre, des «mesures fermes» contre le Maroc. M. Boukhari s'est également dit «sérieusement préoccupé» par les mesures de rétorsion prises par le Maroc contre cette Mission. Il a ajouté que le Front Polisario «partageait avec le Conseil de sécurité cette préoccupation et aussi sa position sur les opérations de maintien de la paix qui sont exclusivement de sa compétence et non pas de celle du Maroc». Le représentant du Front Polisario à l'ONU a réaffirmé que «le mandat de la Minurso ne doit pas se limiter seulement, comme le veut le Maroc, au maintien du cessez-le-feu». «Le peuple sahraoui n'acceptera jamais ce scénario», a-t-il dit. Déployée depuis plus d'un quart de siècle pour surveiller le cessez-le-feu dans les territoires sahraouis occupés, la Minurso a réussi à apporter une certaine stabilité et baisser les tensions même si sur le terrain elle n'a pas satisfait les revendications légitimes du peuple sahraoui, à savoir l'organisation d'un référendum d'autodétermination. En ce moment, cette Mission «est en péril», a prévenu le secrétariat général de l'ONU qui a accusé le Maroc de violer la Charte des Nations unies. Les dépassements du Maroc représentent un «précédent» dans les annales des Nations unies, de l'aveu même de Ban Ki-moon et de ses propres adjoints.